Le feuilleton autour de Landa Digital Printing entre dans une phase décisive. Deux semaines après le licenciement de plus de 100 employés, l'entreprise israélienne qui a mis au point l'impression nanographique a sollicité une demande de suspension des procédures judiciaires pour se donner un sursis de 14 jours afin de "compléter les négociations en cours avec des partenaires stratégiques ", selon un communiqué de l'entreprise fondée par Benny Landa. Cette décision intervient après une "crise de trésorerie".
Landa souligne avoir enregistré une hausse de 30 % des installations de machines sur les douze derniers mois, notamment chez des clients déjà équipés de presses nanographiques.
"Malgré les réalisations significatives de l'entreprise, le temps nécessaire pour réaliser pleinement son potentiel commercial est plus long que prévu. La situation géopolitique, résultant de la guerre prolongée en Israël et de l'instabilité régionale, ainsi que des raisons commerciales ont compliqué la vie de l'entreprise."
Selon le journal économiste israélien Calcalist, Landa accumulait déjà des pertes abyssales en 2022 et 2023 : 264 millions d'euros pour un chiffre d'affaires cumulé de 70 millions d'euros sur ces deux années.
La situation se serait dégradée rapidement après la dernière édition de Drupa, où 50 intentions d'achat ont été recueillies. L'entreprise aurait lancé des commandes de pièces détachées, mais seules 11 presses ont été effectivement vendues. Résultat : un stock dormant évalué à 170 millions de shekels (43 millions d'euros).
Ainsi, la dette cumulée de Landa Digital Printing s'élèverait à 1,74 milliard de shekels (environ 450 millions d'euros), dont près de 82 % sont dus à ses propres actionnaires sous forme de fonds propres ou de prêts convertibles. Le reste concernerait des dettes envers les fournisseurs, les salariés et la banque Mizrahi Tefahot.
Les actionnaires auraient débloqué une dernière enveloppe de 13,2 millions de dollars (11 millions d'ueors) en juin, avant de stopper tout soutien financier. Une analyse interne projetait un retour à l'équilibre seulement en 2030, au prix de 300 millions de dollars supplémentaires (soit 255 millions d'euros).
Si le communiqué de Landa reste vague sur les "négociations en cours avec des partenaires stratégiques", Calcalist indique que le conseil d'administration, en lien avec Deloitte et la banque d'affaires Nomura, aurait ouvert une data room pour accélérer une vente, probablement autour de 100 à 200 millions de dollars (85 à 170 millions d'euros) - loin de rembourser l'intégralité des créanciers.
Et Landa aurait attiré beaucoup de constructeurs : HP, déjà acquéreur en 2002 de l'entreprise fondée elle aussi par Benny Landa, Indigo, pour 850 millions de dollars, serait le principal candidat à la reprise, aux côtés d'autres groupes internationaux comme Canon, Xerox, Agfa, Fujifilm, Epson, Brother et Koenig & Bauer.
Parallèlement à cette demande de gel judiciaire, Landa poursuit sa réorganisation et "continue d'accorder une attention particulière à la réussite de ses clients, qu'elle continuera de servir pleinement et sans interruption".