Comment est né ? / La planche Letraset, star du Do it yourself, était un incontournable pour certains graphistes

Le saviez-vous ? Aujourd'hui reléguées au rayon des articles de loisirs créatifs, les lettres-transferts ou Letraset étaient avant l'arrivée du numérique un outil utilisé par les graphistes. On vous explique tout ça.

Un support, une planche de Letraset, un stylo ou un petit outil à tête courbe, de l'huile de coude, de la patience et de la minutie, c'est tout ce dont avaient besoin certains graphistes voire même apprentis graphistes pour travailler avant l'arrivée du digital.

Alternative ingénieuse pour ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient pas passer par la composition typographique traditionnelle, ces fameuses planches de lettres-transferts commercialisées principalement par la société britannique Letraset dans les années 60 et devenues par antonomase des Letraset permettaient (et permettent encore) de transférer des caractères graphiques préimprimés sur différents types de surfaces par un système de décalcomanie.

Un catalogue de Letraset épais comme un annuaire téléphonique

Letraset et d'autres marques comme Mecanorma, Alfac proposaient des planches comprenant dans une police de caractère donnée un alphabet complet de lettres en capitales ou en bas de casse, des signes de ponctuation, mais aussi des planches de trames, de faux textes, de dessins, de pictogrammes, de filets, etc., le tout du corps 6 au corps 144.
Des polices inédites totalement inconnues du monde de l'imprimerie traditionnelle furent proposées en plus des polices habituelles. En 1985, le catalogue de Letraset était tellement dense qu'il avait l'épaisseur d'un annuaire téléphonique !

Les lettres-transferts, l'art de la typographie décalquable

Il n'était pas donné à tout le monde de manipuler ces lettres-transferts, même si l'utilisation en était fort simple.
Une main sûre et une connaissance des règles typographiques s'imposaient, la petite lettre, une fois frottée et transférée, n'étant plus déplaçable. L'outillage était simple, un stylo pouvait suffire.
Le nombre de planches à disposition devait être important, car même s'il y avait plusieurs a ou plusieurs e, il en manquait toujours un ! Et quelquefois, la planche laissée à l'air libre se craquelait ou prenait la poussière, rendant le décalque impossible.

Une fois la technique maîtrisée, ce système malléable permettait toutes les audaces. Dans les années 70, en plein mouvement DIY (Do it yourself), les Letraset furent largement utilisées par des éditeurs pour réaliser les pochettes de disques des groupes musicaux punk et par les amateurs de fanzines, ces publications réalisées par des passionnées pour d'autres passionnés.

Pochette de disque réalisée par Malcom Garrett, graphiste britannique
Pochette de disque réalisée par Malcom Garrett, graphiste britannique

Avec l'arrivée du numérique, les lettres-transferts ne sont pas tombées dans les oubliettes, mais restent désormais réservées à un usage personnel, leur facilité d'utilisation et leur adaptabilité permettant plus que jamais aux amateurs du DIY de s'exprimer créativement.

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