Le chiffre d'affaires des éditeurs s'est établi à 2,9 milliards d'euros pour l'année 2024, en baisse de 1,5 % par rapport à 2023, selon la synthèse annuelle du Syndicat national de l'édition (SNE). Le volume des exemplaires vendus recule également, à 426 millions contre 439,7 millions un an plus tôt. C'est la première fois depuis 2019 que les ventes passent sous la barre des 435 millions d'exemplaires.
Tous les segments sont concernés par ce recul, à l'exception de la littérature qui représente 24 % du chiffre d'affaires éditorial affichant une belle hausse de 5,7 %, portée par la romance et le roman policier.
Les exportations de livres chutent quant à elles de 1,2 %, à 694,2 millions d'euros, et les cessions de droits de traduction diminuent de 2,6 %, avec 14 265 contrats conclus.
Moins de nouveautés publiées, davantage de réimpressions
La baisse du nombre de nouveautés publiées se poursuit : 36 232 nouveaux titres en 2024, contre 44 660 en 2019, soit une diminution de 19 % sur cinq ans. Ce repli s'inscrit dans une stratégie de régulation des catalogues, afin de contenir les coûts et limiter la saturation du marché, explique le syndicat. Le nombre d'exemplaires imprimés pour ces nouveautés baisse de 4,1 %.
Les réimpressions progressent en revanche de 2,8 % par rapport à 2023 et de 11,1 % par rapport à 2019, signe d'un recentrage sur les titres du fonds.
Ces tendances s'accompagnent d'une baisse du tirage moyen global, à 4 253 exemplaires, en diminution de 2,9 % par rapport à 2023.
Des achats de papier en baisse, mais plus certifiés
La réduction des volumes imprimés se traduit par une baisse parallèle des achats de papier. En 2023, les éditeurs ont acheté 178 618 tonnes, soit un recul de 15 % par rapport à 2013, selon la commission Environnement et Fabrication du SNE.
La qualité environnementale du papier progresse fortement : 98 % des achats concernent désormais des papiers certifiés PEFC, FSC ou recyclés. Ce chiffre était de 88 % en 2013. Les grandes maisons d'édition (plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires) sont à l'origine de 97,3 % des volumes achetés, dont la quasi-totalité est certifiée.
Il est à noter que les éditeurs de plus petite taille ont un recours plus fréquent aux papiers non certifiés (18,3 % des volumes pour les maisons de 1 à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et 8,8 % pour les maisons d'édition de moins d'un million d'euros).
Deux tiers du papier est acheté directement par les éditeurs, le reste via les imprimeurs.
Les livres de poche : stabilité en valeur, repli en volume
Le segment du livre au format poche reste stable en valeur avec 425,4 millions d'euros de chiffre d'affaires. En volume, il enregistre un repli de 2,5 %, avec 111,8 millions d'exemplaires vendus. Hors mangas, la baisse est limitée à 1,6 %.
La littérature représente 59,2 % des ventes en valeur du format poche, loin devant la jeunesse (14,6 %) et la bande dessinée (8,6 %). Ce format continue de peser 26,2 % des volumes et 15,4 % du chiffre d'affaires global du secteur.
Premiers mois 2025 : la tendance se poursuit
Les données disponibles début 2025 confirment la poursuite voire l'accentuation des tendances enregistrées en 2024, avec une baisse en valeur sur l'ensemble des segments à l'exception de la littérature. Le SNE indique vouloir poursuivre son action dans les mois à venir à travers ses commissions Environnement, Fabrication et Internationale, avec l'appui de partenaires comme GfK, Dilicom ou la Bibliothèque nationale de France.
Livre d'occasion, IA, pass Culture : les causes d'un affaiblissement structurel
L'érosion observée s'explique par plusieurs facteurs structurels. Le développement du marché du livre d'occasion affecte directement les ventes de neuf. Le SNE pointe également la diffusion de contenus générés par intelligence artificielle, sans validation éditoriale, sur certaines plateformes en ligne.
La réduction du montant individuel du pass Culture et l'évolution des pratiques de lecture, notamment chez les jeunes, complètent ce tableau. L'impact de ces différents éléments est encore difficile à isoler, mais leur convergence pèse de plus en plus sur les équilibres économiques du secteur.
"Le Syndicat national de l'édition poursuivra avec détermination son engagement sur l'ensemble de ces enjeux dans les mois et les années à venir", indique-t-il.