Dossier / La formation en France : une révolution en marche !

Dans ce dossier, focus sur la formation, ce pan de la vie professionnelle souvent négligée, mais pourtant indispensable aux entreprises. Lycée technique Baggio, Amigraf, nouveau centre de formation de Riccobono : nous sommes allés à la rencontre de différents acteurs afin qu'ils nous présentent leurs offres, mais aussi leurs points de vue sur la formation en France.

La formation est la mal aimée des entrepreneurs, considérée souvent comme une charge. Beaucoup d'acteurs de la filière graphique préfèrent se concentrer sur l'équipement et se cantonner à la formation des salariés sur cet équipement. Ils laissent aux constructeurs le soin de les former. Or, la plupart du temps, cette formation est assurée par des techniciens, salariés des constructeurs, aux qualités pédagogiques faibles. En outre, cette formation est orientée dans les intérêts du constructeur, pas forcément ceux du salarié qui occupe le poste, et par conséquent, pas dans celui de l'entreprise qui les emploie. Car, si une vérité de La Palice mérite d'être répétée, c'est "la formation est un investissement qui assure la pérennité de l'entreprise".

L'article 6321-1, l'obligation de formation des salariés par les entreprises

Et la formation tout au long de la vie d'un salarié est une assurance pour l'entreprise de maintenir le niveau de son personnel aux nouvelles technologies, de maintenir son intérêt dans le métier et d'anticiper les nécessaires mutations qui le concernent.

L'article 6321-1 du Code du travail oblige l'entrepreneur à assurer l'adaptation du salarié à son poste de travail. Cette obligation se formalise dans un plan de développement des compétences, qui doit être soumis pour avis au délégué du personnel ou au CSE quand il existe. Elle est financièrement concrétisée par une taxe de 1 % (0,5 % pour les entreprises de moins de 11 salariés (pourquoi ?)) sur la masse salariale. Plus une taxe de 0,68 % pour l'apprentissage. Cette taxe est prélevée par l'Urssaf et reversée aux opérateurs de compétences (OPCO), qui financent la formation continue. L'Opco-EP est l'organisme qui perçoit les taxes pour le compte des industries des métiers graphiques.

Toute la difficulté pour l'entreprise est donc de dépasser le besoin primaire de formation aux techniques des équipements pour élever le niveau des salariés à une vision plus large des contraintes de l'entreprise et de ses potentialités. Mais aussi d'assurer le renouvellement de ses effectifs. Car depuis deux ou trois ans, les besoins de l'industrie française en main-d'œuvre ont soudain explosé sous une double pression, une création nette d'usines en France qui s'accompagne par un solde positif de créations d'emplois industriels, alors que la formation technique en France était désertée, un déficit d'image auprès de la jeunesse française qui depuis la période Covid, exprime des aspirations très différentes de ce que les employeurs avaient connu jusqu'à présent.

2018 : la révolution de l'apprentissage en France

La France a toujours accusé un déficit chronique d'apprentissage par rapport à ses voisins européens. Engoncé dans des procédures lourdes très contrôlées par la jalouse Éducation nationale et orientées dans des buts très politiques par les régions, le nombre d'apprentis ne dépassait pas le plafond de verre des 250 000 apprentis en France.

La réforme de 2018 sur la formation professionnelle a fait exploser les freins qui entravaient son développement. Elle repose sur le principe d'une libre installation des centres de formation d'apprentissage sans passer par la région, avec pour contrainte d'être certifiés Qualiopi pour accéder aux financements des OPCO, et assurer des formations diplômantes autorisées par France-Compétence, un nouvel établissement public national créé dans cette perspective et finançant la formation alternante, les régions ne conservant que la formation des demandeurs d'emploi de leur ressort. Le succès est immédiat, puisque le nombre d'apprentis est passé de 250 000 à presque un million aujourd'hui. Et on sait que l'apprentissage connaît un taux d'employabilité très supérieur aux autres formations classiques.

Les lycées professionnels, désormais une voie vers des qualifications supérieures

Mais une deuxième révolution a accompagné cette première. Plus discrète, au sein de l'Éducation nationale : celle de l'enseignement technique.
Volontiers présentés comme une voie de garage, les lycées professionnels formaient sur des filières faiblement qualifiées pour aboutir à des diplômes dévalués, CAP, brevets techniques essentiellement.

Devant les demandes répétées d'une hausse des niveaux techniques, les lycées professionnels se sont mués progressivement en filière d'accès aux bacs professionnels, mais aussi formations supérieures assurées par les lycées techniques, licences professionnelles, bachelor universitaire technique (BUT). Ainsi, ces lycées retrouvent un niveau de recrutement de jeunes satisfaisant pour alimenter des filières techniques de niveau supérieur.

Et les entreprises des arts graphiques dans cette évolution ? 

Il y a deux façons d'améliorer le niveau de ses salariés, condition pour l'entreprise de garder un avantage compétitif par rapport à ses concurrentes : le recrutement d'un personnel déjà formé dans la filière graphique, et une formation suivie tout au long de la vie du salarié.

Nous illustrerons notre propos par trois exemples : le lycée technique Baggio à Lille qui assure la formation de base ; l'Amigraf, l'association de la branche professionnelle des métiers graphiques basée à Lille aussi, qui offre toute une panoplie de formations complémentaires aux salariés ; et la nouvelle expérience du Groupe Riccobono de création d'un centre de formation privé, Révo, pour répondre aux immenses besoins de formations de leur groupe, mais aussi pour satisfaire ceux des entreprises de leur proximité en parfaite symbiose de la collectivité communale qui les accompagne.

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