Après trois années difficiles, la production papetière européenne a connu un rebond en 2024. Selon le rapport statistique 2024 de la Confédération des industries papetières européennes (Cepi), la consommation de papiers et cartons a progressé de 7 %, tandis que la production a crû de 5,9 %. C'est une dynamique supérieure aux estimations provisoires publiées en février dernier.
Emballage en tête avec + 6,7 %, le papier graphique en sursaut à + 3,8 %
Toutes les familles de produits affichent une croissance de la production. L'emballage tire la reprise vers le haut, avec un bond de 6,7 % de la production.
Le segment du papier hygiénique et domestique enregistre une augmentation de 5,6 %.
Quant au papier graphique – incluant livres, journaux, impression et écriture, il a stoppé sa tendance baissière en affichant une hausse de 3,8 %.
Mais une production encore en deçà de celle de 2021
La reprise reste cependant relative. En comparaison avec 2021, année de forte activité post-Covid, la production des secteurs énergivores, dont fait partie le papier, demeure inférieure de 10 à 15 %. La Cepi pointe à la fois la conjoncture européenne défavorable et des coûts réglementaires en hausse, qui affectent la compétitivité internationale.
Exportations : des volumes encore en berne par rapport à 2020
Du côté des exportations, l'industrie papetière affiche des ventes à l'étranger en progression de 4,6 % en 2024. Mais ce chiffre masque un recul de 19 % par rapport à 2020. Les tensions commerciales et les surcapacités dans certaines régions accentuent la pression concurrentielle, souligne la Cepi. Les États-Unis occupent une place particulière, à la fois deuxième client et deuxième fournisseur de l'Union européenne.
Des émissions de CO2 divisées par deux depuis 2005
Au-delà des volumes, Cepi met en avant les avancées environnementales. Depuis 2005, les émissions de CO2 de la filière ont diminué de moitié. En 2024, les émissions spécifiques reculent de 6,3 %, pour atteindre 0,24 tonne de CO2 par tonne de papier produite. Ce résultat découle d'investissements dans des technologies plus propres, des combustibles alternatifs et une meilleure efficacité énergétique.
Autre indicateur remarquable : 91 % des fibres utilisées proviennent de forêts européennes gérées durablement et d'un marché actif du papier recyclé. Une donnée que Cepi associe à la notion d'"autonomie stratégique" pour l'Union européenne.
Jori Ringman, directeur général de la Cepi, souligne : "Nous avons démontré que l'industrie est plus résiliente lorsqu'elle investit à long terme dans la durabilité. Nous attendons maintenant la proposition de la Commission européenne pour une nouvelle stratégie pour la bioéconomie, qui témoignera de la volonté de l'Europe de déployer des mesures incitatives pour créer des conditions de concurrence équitables entre les matières fossiles et les matières biosourcées."
