C'est un détail apparemment anodin dans un plan d'austérité plus large, mais qui suscite déjà des réactions au sein de la filière graphique. Selon une information révélée par BFMTV et confirmée par TF1-LCI, le Premier ministre Sébastien Lecornu a demandé à tous les ministères de ne plus envoyer de cartes de vœux en papier pour l'année 2026. L'instruction, transmise par mail début décembre, doit permettre de réduire les dépenses publiques, notamment dans le champ de la communication institutionnelle.
Dans le cadre d'une baisse globale de six milliards d'euros des dépenses de fonctionnement de l'État, le chef du gouvernement entend diminuer de 300 millions d'euros les budgets alloués à la communication d'État, actuellement estimés à un milliard d'euros.
Chaque année, "plusieurs milliers de cartes de vœux" sont envoyées par les ministères à des parlementaires, élus locaux, institutions partenaires ou journalistes, selon un conseiller cité par BFMTV.
"Une carte de vœux n'est pas une dépense accessoire"
Cette suppression ne passe pas inaperçue du côté des professionnels du papier et de l'impression. Le groupe français Editor, basé à Mâcon en Saône-et-Loire spécialisé dans la carte et de l'emballage cadeau, y voit une décision plus lourde de conséquences qu'il n'y paraît.
Dans une réponse publique relayée sur les réseaux sociaux, le concepteur et fabricant rappelle qu'"une carte de vœux n'est pas une dépense accessoire, mais un geste de considération et de lien".
Editor rappelle : "La carte de vœux n'est pas un gadget. C'est du temps pris pour écrire, un objet que l'on aime offrir et garder. Une carte papier crée un vrai moment d'émotion là où un message instantané disparaît des esprits en quelques secondes."
Pour lui, la décision du premier ministre est significative : "Ce signal envoyé est fort. Celui d'un pays qui renonce à un geste simple, concret, qui matérialise la considération portée à chacun."
170 000 cartes de voeux offerts par Editor au gouvernement Lecornu
Pour venir en aide à un État manifestement à court de timbres, Editor propose donc d'offrir 5 000 cartes de vœux à chacun des 34 ministères français, soit un total de 170 000 exemplaires. Ces cartes seraient entièrement produites dans leur usine de Saône-et-Loire.
Par ce geste, le groupe, qui imprime chaque année plusieurs millions de cartes à destination des particuliers et des professionnels, souligne non seulement la symbolique du geste de l'envoi d'un courrier traditionnel, mais aussi les implications économiques que le gouvernement semble avoir oubliées : soutien à l'emploi local, valorisation de la filière papetière et maintien d'un savoir-faire.
"Faire de la carte de vœux le bouc émissaire des déficits excessifs de l'État ne nous paraît
ni raisonnable ni crédible", ajoute Henry Condamine, président du groupe Editor.
À l'heure où le papier peine à défendre sa place dans les usages quotidiens, cette interdiction aggrave la perception d'un support considéré parfois comme obsolète, malgré son efficacité reconnue, à différents niveaux, dans la communication.










