Quel avenir pour le livre scolaire traditionnel ?

© Rawpixel.com - Adobe Stock

Alors que nos voisins scandinaves plébiscitent de nouveau les manuels scolaires papier après quinze années de tout numérique, les éditions scolaires version numérique gagnent doucement du terrain en France.

Écoutez cet article

La Suède vient déjà de donner sa réponse. Après avoir opté il y a quinze ans pour un enseignement sur support 100 % digital, les Suédois viennent de prendre un virage à 360 degrés. Le gouvernement suédois a annoncé courant mars investir 685 millions de courronnes suédoises, soit environ 58 millions d'euros, dans la fourniture de manuels scolaires version papier. En cause, les résultats d'une étude internationale qui alerte sur les méfaits de l'usage intempestif des écrans et indique une baisse du niveau des jeunes suédois en lecture et compréhension écrite.

Ce rétropédalage scandinave ne semble pas aller dans le sens de la "stratégie numérique pour l'éducation 2023-2027" annoncée sur le site du ministère de l'Education nationale qui vise à généraliser le passage au tout digital dans les primaires, collèges et lycées.

Le livre scolaire papier est pour le moment encore en tête !

Le manuel scolaire, papier ou numérique, est un segment de l'édition porté par quelques marques historiques comme Belin, Magnard, Nathan, Hachette... Selon les chiffres publiés dans une synthèse 2021-2022 par le Syndicat national de l'édition (SNE), le chiffre d'affaires de 321,7 millions d'euros met le segment des livres scolaires au 6e rang du marché global de l'édition. Une perte de quatre places par rapport à 2019-2020, car ce segment avait bénéficié de la réforme du nouveau baccalauréat avec la publication de nouveaux manuels avant la période covid.

L'édition numérique dans son ensemble représente un chiffre d'affaires de 273,2 millions, le scolaire y contribuant pour 14 %. Ce segment trouve son financement dans les abonnements et renouvellements de licence et le choix de certaines régions de privilégier le 100 % numérique.

Pour les deux versions, les "payeurs" restent les mêmes : les régions pour les lycées, les départements pour les collèges et les communes pour les écoles primaires. Quant au choix du manuel à proprement parler, qu'il soit papier ou digital, ce sont les enseignants de chaque matière dans chaque établissement qui se mettent d'accord.

Et à l'avenir ?

Une marche arrière est-elle à prévoir à court ou moyen terme alors que le marché du digital continue doucement mais sûrement sa progression ?

Michel Desmurget, docteur en neurosciences, rappelait au Figaro en juin dernier qu'une étude du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) avait démontré en 2015 que "l'apprentissage à l'aide d'un outil numérique n'est pas plus efficace qu'une leçon délivrée normalement" et il ajoutait : "Bien souvent d'ailleurs, les outils sont déployés sans aucune étude pédagogique préalable".

Plus d'articles sur le thème