La nomination du pape Léon XIV offre une occasion rare d'examiner un objet graphique peu courant mais hautement codifié : le blason pontifical. Présenté dans un article de Vatican News, l'emblème adopté par le nouveau souverain pontife articule composition diagonale, sobriété chromatique et symbolisme religieux hérité de la tradition augustinienne. Décryptage graphique d'une construction visuelle pensée pour incarner une fonction.
Une composition en diagonale
Le blason est divisé en deux zones par une diagonale montante. En partie haute, un fond bleu accueille un lys blanc. En bas, sur fond clair, figure une image composée d'un livre fermé, sur lequel repose un cœur transpercé par une flèche.
Un lys blanc sur fond bleu et un livre associé à un cœur transpercé
Le lys utilisé en haut du blason est un symbole graphique largement identifié, associé dans l'héraldique religieuse à la pureté, et plus précisément à la figure mariale. Sa position isolée et son contraste fort avec le fond assurent une lisibilité maximale.
En partie basse, le livre fermé associé à un cœur transpercé d'une flèche. Selon Vatican News, il s'agit d'une référence directe à l'expérience de conversion de saint Augustin, qui écrit : "Vulnerasti cor meum verbo tuo" - "Tu as transpercé mon cœur par ta parole."
La devise, prolongement visuel de la symbolique
Sous le blason figure la devise : In Illo uno unum – "Dans l'Unique, nous sommes un". Elle provient une nouvelle fois d'un commentaire de saint Augustin sur le psaume 127. Elle complète l'image en apportant une clef de lecture directe : l'unité visuelle reflète l'unité de sens. Robert Francis Prevost, devenu Léon XIV, avait déjà adopté cette phrase comme devise épiscopale. Dans un entretien accordé à Vatican News en 2023, il insistait sur l'importance de la communion comme valeur centrale du charisme augustinien.
Une lisibilité pensée pour les usages rituels
Aucune information n'est donnée sur l'auteur du dessin ni sur les déclinaisons envisagées. Mais la composition en deux champs, les motifs simples et la palette réduite (bleu, blanc, rouge, ivoire) rendent le blason compatible avec les contraintes de reproduction classiques : impression, broderie liturgique, signalétique, timbrage ou marquage à chaud.
La clarté formelle semble avoir guidé les choix. Pas de surcharge, pas de fond complexe, aucun motif périphérique. L'ensemble tient dans un système visuel sobre, structuré, lisible à petite échelle comme à grande échelle.