Le 26 novembre, le Parlement européen a voté une série d'ajustements au règlement sur la déforestation (LARUE ou EUDR en anglais). Elle prévoit notamment un report d'un an de son application et surtout, les eurodéputés ont introduit une disposition controversée : l'exclusion totale des produits imprimés du périmètre de la réglementation. Une décision qui a immédiatement suscité des réactions dans la filière graphique.
Intergraf a réagi aujourd'hui. L'association qui fédère 22 associations nationales du secteur dans 21 pays européens précise n'avoir jamais sollicité cette exemption, préférant défendre des modalités de conformité compatibles avec les réalités industrielles et réaffirme son attachement aux objectifs de l'EUDR et à la lutte contre la déforestation.
Une faille dans le contrôle environnemental des imprimés importés
L'organisation professionelle souligne que cette exemption ne concerne que les produits imprimés. Le papier brut, qu'il soit d'origine européenne ou importée, resterait soumis à la réglementation. En conséquence, les produits imprimés réalisés dans l'Union européenne resteraient automatiquement dans le champ d'application. À l'inverse, les imprimés importés comme les livres, les magazines, les dépliants ou les étiquettes ne seraient plus contrôlés au regard des critères de durabilité forestière.
Cette dissymétrie fait craindre l'apparition d'une faille réglementaire. "Cela créerait une importante brèche environnementale et nuirait à la confiance des consommateurs européens", avertit Intergraf. L'association craint une concurrence déséquilibrée, les imprimeurs non européens pouvant recourir à des papiers issus de sources non traçables, sans obligation de transparence.
Beatrice Klose, secrétaire générale d'Intergraf, dénonce également une insécurité juridique persistante. "Les récents développements politiques ont fragilisé les efforts de mise en conformité de nos membres, et leur confiance dans le processus réglementaire", déclare-t-elle, tout en appelant à privilégier une mise en œuvre centrée sur l'entreprise qui introduit le produit sur le marché.
Des efforts déjà engagés dans la chaîne graphique
Ulrich Stetter, président d'Intergraf, insiste sur les investissements déjà réalisés par les entreprises du secteur. "Nos sociétés ont consacré beaucoup de temps et de ressources pour se préparer de bonne foi", souligne-t-il, appelant à une application pragmatique et orientée vers la pratique. Il estime qu'un encadrement réaliste pour les opérateurs en aval permettrait de rendre le règlement applicable sans compromettre son efficacité.
Selon Intergraf, une mise en œuvre pratique pourrait être finalisée d'ici avril 2026, afin d'éviter un déséquilibre concurrentiel. Elle insiste sur l'importance de ne pas stigmatiser les produits imprimés, régulièrement soupçonnés à tort de contribuer massivement à la déforestation.
Des négociations en cours avant l'échéance de décembre
Le Parlement européen doit désormais entamer les discussions avec le Conseil et la Commission. Un accord doit être trouvé avant la fin de l'année pour permettre l'adoption du report et des éventuelles modifications de périmètre. Un vote définitif est prévu durant la semaine du 15 décembre.
En l'état, le texte prévoit une entrée en vigueur au 30 décembre 2026 pour les grandes entreprises et au 30 juin 2027 pour les PME. Pour Intergraf, il est impératif que la version finale du règlement conserve des exigences claires pour l'ensemble des acteurs, y compris les importateurs de produits finis.









