La coquille en typographie ou l'art de l'étourderie

Le changement d'une seule lettre dans un mot a parfois des conséquences surprenantes...

On désigne par le terme de coquilles l'erreur typographique en imprimerie, lorsque des lettres sont substituées à d'autres changeant ainsi le sens des mots. L'histoire du journalisme et de la littérature regorge de ces petites fautes parfois croustillantes. Voici une sélection de coquilles dignes de mémoire !

Celle qui fait de l'humour noir

Peu avant la mort du prince Jérôme Bonaparte (1784 – 1830), frère de Napoléon et ancien roi de Westphalie, dont la maladie avait causé une vive émotion dans le monde entier, un journal suisse publiait : "le vieux persiste" pour "le mieux persiste".

Celle qui tue

Dans un journal du 18e siècle, les lecteurs ont appris avec effroi cette information "capitale", annoncée sur un ton laconique : "Le roi Louis XV est depuis huit jours au Château de Fontainebleau ; hier, il s'est pendu dans la forêt." "Pendu" a ici remplacé "perdu".

Celle qui vous colle une réputation

Parue dans le journal Le Gaulois (publié de 1868 à 1929), elle relate le parcours journalier du ministre Charles de Freycinet (ministre des Travaux publics de 1877 à 1879) : "M. de Freycinet a quitté le Sénat à 5 heures et s'est rendu au Ministère, soul comme d'habitude". Le ministre était en fait plus "seul" que "soul". Oups !

Celle qui transforme le message de la bible

On l'appelle la Bible Perverse. Cette bible du 17e siècle contient une double coquille dans l'un des commandements qui transforme radicalement son message. Au lieu de "Tu ne commettras point l'adultère", on peut ainsi lire dans l'Exode 20, 14, "Tu commettras l'adultère".

Celle qui fait rire jaune

Elle apparait dans un manuel ecclésiastique de la fin du 19e siècle : "Ici, le célébrant ôte sa culotte". Il s'agissait bien sûr de sa calotte.

Celle qui donne du génie

Le poète François de Malherbe (1555-1628) a exercé une influence majeure sur la poésie française. Deux vers célèbres de son Ode à Duperrier sur la mort de sa fille vont ainsi :

"Et, Rose elle a vécu ce que vivent les roses

L'espace du matin."

Mais selon la légende, voici ce que Malherbe écrivit à l'origine :

"Et Rosette a vécu…"

Ce qu'une erreur de lecture de l'imprimeur transforma en :

"Et Rose elle a vécu..."

Celle qui résume tout

Pour conclure, nous reprendrons cet extrait d'une lettre de Boris Vian publiée en 1955 dans les Cahiers du Collège de Pataphysique : "Retirez le Q de la coquille : vous avez la couille, et ceci constitue précisément une coquille".

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