WWF France dézingue l'édition jeunesse française

Les imprimeurs seraient pour 63 % des titres imprimés soit inconnus soit sans certification (ISO, FSC).

Dans un rapport intitulé Les livres de la jungle : l'édition Jeunesse française abîme-t-elle les forêts ?, WWF France charge l'industrie française de l'édition jeunesse concernant son impact environnemental. L'organisation de protection de la nature pointe du doigt "le manque de transparence des maisons d'édition françaises et la faiblesse des engagements relatifs à leur impact sur les forêts (approvisionnement, écoconception, fin de vie du livre...)".

Pour son rapport, le Fonds mondial pour la nature a étudié les mentions obligatoires sur un échantillon de 164 livres sur trois segments (imagiers, pop-up, animé) fortement concernés par les impressions asiatiques.

Il en tire notamment quatre constats.
Pour plus de 90 % des titres, la qualité du papier et des encres est inconnue.
Pour plus de 90 % des titres, l'incitation au recyclage est absente, "le sujet étant tabou dans l'édition" arguant qu'un livre jeunesse a une durée de vie faible.
Les imprimeurs sont dans 63 % des titres, soit inconnus soit sans certification (ISO, FSC).
Seuls 43 % des titres répondent à l'obligation légale d'indiquer le nom de l'imprimeur (en plus du pays d'impression).

À l'automne 2017, WWF France a poursuivi ses investigations en se concentrant sur huit maisons d'édition : Auzou, Fleurus, Gallimard Jeunesse, Hachette Jeunesse, Milan, Nathan, Pi.kids, Piccolia.

Si WWF France admet n'avoir constaté aucun lien direct avec la déforestation et l'exploitation des forêts primaires tropicales, elle estime cependant que ces investigations montrent qu'une part significative des fibres provient de plantations industrielles. "Or ces plantations, généralement installées après déforestation de forêts primaires tropicales ou dégradation des tourbières, peuvent représenter des menaces pour l'environnement (utilisation massive d'intrants, monocultures, destruction de biodiversité, etc.) si elles ne sont pas certifiées FSC.
Trois éditeurs (Piccolia, Pi.kids, Auzou) présentent des risques particulièrement importants et seul Nathan a engagé une démarche de certification FSC."

WWF France présente en exemple Random House, l'un des plus importants groupes allemands d'édition, qui s'est fixé un objectif de 100 % de papier recyclé ou certifié FSC ou encore Kosmos qui a adopté une démarche d'économie circulaire.

"Les démarches engagées par nos voisins montrent aux éditeurs français qu'il est possible d'engager le livre dans la transition écologique. Les groupes français ont aujourd'hui toutes les solutions disponibles pour sélectionner les papiers recyclés ou écocertifiés, démontrer publiquement qu'ils préviennent les risques et faire la transparence sur leurs pratiques", conclut Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

WWF France s'est interressé au marche du livre jeunesse car "parmi les différents segments du secteur de l'édition, l'édition Jeunesse est particulièrement à risques, car plus de la moitié des impressions sont effectuées en Asie".Les impressions en Asie (Chine, Malaisie, Singapour) ne concernent que 3,9 % en moyenne des titres français entre 2006 et 2016, mais ce taux grimpe à 14,1 % pour l'édition jeunesse.

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