Rouen : 90 millions d'euros pour tourner la page du charbon chez DS Smith

DS Smith met en service sa chaudière biomasse géante à Rouen, après neuf années de préparation. Ce mastodonte de 90 millions d'euros couvrira l'essentiel des besoins énergétiques du site tout en valorisant les déchets de bois.

À Rouen, le panache de vapeur a changé de nature. Fini le charbon. Depuis quelques jours, c'est une chaudière biomasse de 56 MW qui alimente en chaleur la papeterie DS Smith de Saint-Étienne-du-Rouvray en Seine-Maritime. Ce colosse industriel, haut comme un immeuble de dix étages, représente un investissement de 90 millions d'euros, dont 15 millions ont été apportés par l'Ademe.

Le projet de transition énergétique, parmi les plus ambitieux pour une papeterie en Europe, permet de couvrir 80 % des besoins en chaleur du site qui produit du papier pour carton ondulé (PPO) recyclé et de réduire de 99 000 tonnes par an ses émissions de CO2. Une économie équivalente à la consommation énergétique de 13 000 foyers français ou 40 000 voitures en moins sur les routes pendant un an, selon DS Smith (qui a été racheté par l'Américain International Paper en janvier 2025).

94 000 tonnes de bois transformés en vapeur

L'approvisionnement repose sur un combustible 100 % renouvelable : 94 000 tonnes de biomasse composées à 70 % de déchets de bois industriels et municipaux collectés en Île-de-France comme des  déchets de construction et de mobilier, le reste provenant de Normandie et des résidus issus du process papetier. Ainsi ce sont 70 000 tonnes de déchets de bois habituellement mis en décharge chaque année qui sont valorisées.

Ce projet s'inscrit dans la feuille de route climatique du groupe britannique. DS Smith s'est engagé à réduire ses émissions absolues (scopes 1, 2 et 3) de 46 % d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.

Et une turbine vapeur pour compléter l'installation

La conduite de l'installation a été confiée à Engie Solutions, qui prévoit à moyen terme d'y adjoindre une turbine vapeur de 10 MW. Ce développement, encore à l'étude, permettrait de transformer une partie de la chaleur produite en électricité.

Pierre Jegu, directeur du cluster papier de DS Smith, déclare : "Cet investissement soutient non seulement nos objectifs de durabilité, mais met également en évidence le rôle essentiel des partenariats public-privé dans la transition vers une économie circulaire et à faibles émissions carbone." Il souligne : "L'infrastructure de recyclage bien établie en France a rendu cela possible, et nous espérons reproduire cette approche ailleurs."

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