Papeterie Chapelle Darblay : la réponse du président Macron aux élus

Cette "toute première" prise de parole du chef de l'Etat est selon le maire "un signe encourageant".

Une lettre du président. Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a reçu une lettre du président de la République. L'élu lui avait adressé, le 10 mars dernier, un courrier de deux pages pour l'interpeller sur le sort de la papeterie Chapelle Darblay à Grand-Couronne. Le site industriel de Seine-Maritime est toujours en attente d'un repreneur qui redémarrerait le site fermé depuis un an.

"C'est à ma connaissance la toute première fois que le président de la République s'exprime officiellement et directement sur Chapelle Darblay" souligne le maire sur le site de la ville.

"Il serait totalement absurde qu'un tel site (…) ferme" assène le maire de Rouen

Dans son courrier cosigné par 59 autres élus, le maire rappelle que "ce fleuron de l'économie circulaire risque de fermer en juin prochain, si les pouvoirs publics n'agissent pas massivement et urgemment pour que son propriétaire finlandais, UPM, qui souhaite s'en débarrasser, accepte les offres de reprises – car il y en a !"

La papeterie Chapelle Darblay est "le seul site français produisant du papier journal 100 % recyclé avec de la fibre issue intégralement des circuits de récupération". De plus, "sa chaudière biomasse représente 30 % de la consommation régionale normande et est capable de chauffer l'équivalent d'une ville de 20 000 habitants. L'usine possède une station d'épuration pouvant subvenir aux besoins de 400 000 personnes. 50 000 tonnes de papiers sont transportées par voie fluviale, sur la Seine."

Il poursuit : "Il serait totalement absurde qu'un tel site (…) ferme. Si tel était le cas, cela pousserait de très nombreuses collectivités à enfouir ou brûler le papier déchet au lieu de le recycler, ou bien à l'envoyer en Belgique ou en Allemagne !"

Et "l'usine dispose par ailleurs d'un potentiel de diversification remarquable." Le maire évoque notamment des débouchés pour de nouveaux produits de carton d'emballage, du conditionnement, mais aussi de l'isolation thermique.

"Les salariés et les pouvoirs publics locaux se battent. Il y a des repreneurs industriels, prêts à investir. Mais comme souvent dans ces cas-là, il faut un engagement politique national fort pour que le propriétaire (UPM) accepte de vendre et ne laisse pas le site à l'abandon. (...)

Monsieur le Président, le 5 juin 2020, vous annonciez : 'le Monde d'Après sera résolument écologique. Je m'y engage. (...)'. Vous avez mis la priorité sur la relocalisation industrielle et l'économie circulaire. Si Chapelle Darblay n'est pas au cœur de tout cela, quelle industrie l'est ?"

"Vous pouvez compter sur ma détermination" répond le président

Le maire a reçu la réponse du chef de l'État le 12 mai. Le président de la République Emmanuel Macron assure connaître "l'importance de lutter pour préserver nos emplois industriels".

"J'ai d'ailleurs rappelé à plusieurs reprises qu'il ne fallait céder à aucune fatalité face aux situations de restructuration ou de faillite et que nous devions continuer à nous battre collectivement pour sauver des emplois dans notre pays.

Je suis en outre attaché à ce que nous soyons dans une logique de création et non pas dans une logique de condition. Ainsi, la priorité des mois qui viennent est de permettre aux entreprises d'embaucher et d'investir, de relocaliser leurs activités sur notre territoire et d'accompagner l'emploi dans tout le pays autour de la transition écologique.
À cet égard, vous pouvez compter sur ma détermination, et celle du Gouvernement, afin d'accélérer la transition écologique au plus près des territoires, en lien avec les élus locaux, et du quotidien des Français."

Aucun engagement plus précis sur la papeterie UPM ne sera donné mais il termine sa missive sur le fait que Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l'industrie, "suit ce dossier de près et a été informée de [cette] intervention".

La décision sur la reprise du site connu d'ici le 30 juin

Mise en vente en septembre 2019, l'usine de papier journal recyclé du groupe finlandais UPM avait fermé en juillet dernier, faute de repreneur. Le site employait 230 personnes.

Six offres non engageantes ont été reçues, a annoncé en début du mois le cabinet du préfet de Seine-Maritime.

Le groupe papetier fera connaître sa décision sur les offres fermes qui seront déposées d'ici le 30 juin prochain et une cession du site pourra être réalisée au cours du troisième trimestre 2021. (Plus de détails sur ces offres : Six offres de reprise pour la papeterie Chapelle Darblay.)

Le maire Nicolas Mayer-Rossignol déclare au sujet de cette missive présidentielle : "Au moment où les offres engageantes des repreneurs potentiels doivent être déposées auprès du propriétaire finlandais UPM, j'y vois un signe encourageant. (...)

Bien sûr, maintenant, les actes doivent suivre. Nous serons particulièrement attentifs et vigilants. Nous le devons à tous les salariés de Chapelle, à leurs familles. Et à toutes celles et ceux qui sont, comme nous, persuadés que l'avenir de l'économie circulaire passe par Chapelle Darblay, à Grand-Couronne."

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