Comment est né ? / L'italique, ce vieux caractère qui fait tout pour attirer l'attention

De la Lettera Antica Corsiva à l'italique moderne : découvrez comment une police de caractère née au XVIe siècle est devenue une variante typographique indispensable aujourd'hui.

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Dans l'histoire de la typographie réside une transformation intrigante : celle de l'italique. L'écriture cursive apparait au XIVe siècle sous la plume de Niccolo Niccoli, érudit florentin et fameux bibliophile de la Renaissance italienne. Elle est utilisée par les scribes des chancelleries pour la rédaction des courriers officiels.

Alde Manuce, imprimeur vénitien du XVIe siècle, adapte cette écriture et, assisté de son graveur Francesco Griffo, crée un caractère sur mesure pour une collection de classiques latins imprimés en petit format. La première police de caractères penchés inspirée de la calligraphie était née.

Lettres aldines, puis lettres vénitiennes et enfin italique, cette police trouve à partir du XVIIe siècle sa place à côté du caractère romain et commence à acquérir la fonction restée la sienne jusqu'à ce jour, faire ressortir des éléments de texte.

Au XVIIIe, l'italique aldine laisse sa place à l'italique moderne avec des typographies telles que Baskerville et Didot.
Le XXe siècle voit l'apparition, sous le nom d'italique, d'un romain penché avec les caractères sans empattement comme l'Helvetica ou l'Univers. L'italique, qui possédait une graphie spéciale et qui était une police de caractère à part entière, devient également une fonte de caractère.

Du bon usage de l'italique

En littérature, il est utilisé pour attirer l'attention sur un mot, sur une phrase et remplace le souligné. Ce changement de typo freine la lecture et met en lumière ce qui est en italique.
Dans l'édition et la presse, cette variante typographique n'est pas à manier à la légère et mieux vaut avoir son code typo sous le coude pour ne pas commettre d'impairs.

Les noms d'œuvres en général, de magazines, de journaux, d'émissions de télévision, de pièces de théâtre se mettent en italique, mais pas ceux des livres sacrés.
Il faut écrire Titanic, qui est le nom propre du navire, mais Renault qui est une marque reste en romain.
Les textes en langues étrangères, l'argot, les régionalismes sont en italique mais pas les mots étrangers francisés. On écrira Black Friday alors que la dolce vita reste en romain ! Les sic, bis ou encore ter font exception.
Les notes de musique, le nom usuel au milieu de plusieurs patronymes ont droit à l'italique tout comme les citations, de même que les préfaces non écrites par l'auteur, les dédicaces, etc.

Cette longue liste loin d'être exhaustive montre que l'italique n'a pas fini de nous faire mettre les points sur les i (ici le i est un autonyme et donc se met en italique) !

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