La Platine is dead, tout est à vendre ! C'est fini pour l'imprimerie à l'ancienne phocéenne

L'Imprimerie La Platine, après 25 années d'existence au service de l'impression d'art "à l'ancienne", devra prochainement baisser le rideau. Marseille perd ainsi sa dernière imprimerie traditionnelle et tout le savoir-faire d'un métier d'art.

La Platine est une imprimerie marseillaise artisanale créée il y a près de 25 ans par Odile Coulange. Une imprimerie de labeur traditionnelle, à l'ancienne, artisane d'art où le numérique n'a, par la volonté de sa créatrice, jamais eu de place. Une imprimerie où les odeurs d'encre sont reines, où le cliquetis des machines emplit l'espace et où les supports utilisés se doivent d'être d'excellence. Une petite imprimerie de deux salariés, qui, du jour au lendemain, a dû fermer ses portes.

La clientèle de l'imprimerie est composée de particuliers et de professionnels, mais surtout d'artistes. Les impressions d'art sont la vitrine de cette petite entreprise, avec notamment les éditions du Dernier Cri, maison spécialisée dans l'art singulier. En reconnaissance de son savoir-faire, l'Imprimerie La Platine a reçu la mention Artisan d'Art en 2017. Odile Coulange lance une association à but artistique en 2018 et intègre dans son atelier un espace d'exposition de ses travaux, un espace où, grâce au procédé quadrifluox de Piergiuseppe Molinar, les impressions des œuvres d'Elvisdead, de Alfons ALT, de Pakito Bolino et de bien d'autres sont illuminées et sublimées.

Le mécène de La Platine disparaît…

En 2020, Odile Coulange nous confiait : "Aujourd'hui, nous avons du travail, mais nous ne savons pas de quoi demain sera fait." Il y a deux ans, afin que le savoir-faire et le patrimoine de l'imprimerie perdurent, Odile n'entrevoit alors qu'une seule solution : transformer La Platine en association, mais son statut d'Artisan d'Art ne fait pas le poids pour la municipalité, qui lui conseille de trouver un mécène. Ce dernier est trouvé. Pendant les deux ans qui suivent, l'imprimerie continue de tourner. Le futur public de l'association est là, Odile a tout fait pour, en particulier en captant l'intérêt des jeunes lors d'ateliers et de visites.

En mars, il y a un mois, le mécène renonce sans crier gare à soutenir le projet d'association. C'en est fini pour l'Imprimerie La Platine, qui sans cet investisseur ne peut faire face aux créances. Odile Coulange décide de tourner la page et annonce sur les réseaux sociaux "La Platine is dead. Tout est à vendre". Les platines Ofmi Garamont, les presses Kord et KSB de chez Heidelberg qu'elle reconnaissait rien qu'au son du cliquetis et tout le reste du matériel cherchent désormais leurs futures propriétaires…

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