Métaphores animalières de l'imprimerie et de la presse

© Gallica-BnF

Les noms d'animaux et d'insectes ont eu et ont encore, pour certains, une place dans le vocabulaire de la presse, de l'édition et surtout de l'imprimerie typographique. Mammifères, volatiles, insectes enrichissent ainsi le glossaire de termes utilisés dans ces vieux métiers. En voici quelques-uns.

Tout le monde connaît la signification de l'ours. Sans hésitation, la réponse donnée sera : encadré où figurent les informations juridiques, le dépôt légal, les noms de toutes les personnes ayant participé à une publication. Pas que ! L'ours était aussi l'ouvrier, le pressier chargé de faire fonctionner la presse, ce surnom venant de l'impression de lourdeur qu'il dégageait en encrant les caractères.

Le typographe n'était pas mieux loti. Ses mouvements de bras très rapides pour composer les textes avec les lettres de plomb et ensuite pour les remettre dans les casses lui valent le nom de singe. Ce singe évidemment ne devait pas rendre une composition emplie de bourdons, bourdons dus à son inattention ou à quelques chiens. En résumé, ce typographe ne devait pas oublier de mots voire de phrases par étourderie ou à cause de lettres tombées de la forme. Dans l'atelier typographique un ouvrier mécontent était une chèvre, un ouvrier fantaisiste un hanneton. Les presses à bras devenaient des bêtes à cornes, le petit morceau de plomb suspendu par une ficelle sur la table de marge des presses mécaniques se transformait en souris.

Et puis il y avait les jours un peu tristes, les jours avec les loups et les lapins qui donnaient envie d'étouffer un perroquet, les jours avec les créanciers et les enterrements qui donnaient envie de boire un verre d'absinthe.

Avec l'imprimerie moderne sont apparues les hirondelles, ces repérages ressemblant aux queues de ces oiseaux, hirondelles transformées en abeilles dans l'édition. Le poisson ou plus précisément l'œil de poisson est le nom donné aux petites taches rondes qui apparaissent lors d'une insolation mal réalisée de plaque. Et puis il y a ce tout petit insecte incontournable à peu près présent dans toutes les publications, celui dont on ne peut se passer, la puce !

La presse a également son petit lot de métaphores animalières. Au XVIe siècle l'expression "bailler un canard à moitié" était synonyme de tromper, duper. A l'origine simple feuille volante composée d'une illustration et d'un texte relatif à une histoire mélodramatique, à un accident ou à un fait divers amplifié, le canard est devenu une fausse nouvelle lancée par la presse puis un journal de peu de valeur.

Un article commencé à la une et qui se poursuit sur une autre page est appelé un cheval. Si le contenu de cet article est répétitif, cela deviendra un cheval à effet perroquet.

Un véritable bestiaire…

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