Financement du RN : des imprimeurs dans le viseur des juges

Des saisies ont été opérées en juillet dans le cadre d'une enquête sur les dépenses électorales du Rassemblement national. Trois structures d'impression, dont Imprimatur Développement à Limoges, sont concernées. Une confusion entoure toutefois l'identité exacte des sociétés visées, qu'un dirigeant du secteur tient à clarifier.

C'est une affaire politique qui secoue le secteur de l'impression. D'après les informations du Parisien avec l'AFP, plusieurs sociétés liées au Rassemblement national (RN) font l'objet de saisies pénales dans le cadre d'une enquête sur de possibles surfacturations dans les récentes campagnes électorales. Ces opérations, menées le 11 juillet dernier, ont visé la holding Imprimatur Developpement, installée à Limoges, sa filiale Roto Presse du Centre (RPC) et le Groupement des imprimeurs français (GIF).

L'enquête porte sur de possibles prestations surfacturées ou fictives intégrées ensuite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l'État. Selon une source judiciaire citée par l'AFP, les enquêteurs cherchent à déterminer si les imprimeurs ont appliqué des tarifs artificiellement gonflés pour atteindre le plafond du remboursement public et si ces sommes ont pu bénéficier au parti.

Un million d'euros saisis chez Roto Presse du Centre

Toujours selon Le Parisien, les comptes de Roto Presse du Centre, prestataire du RN, ont été saisis à hauteur d'environ un million d'euros. Sa maison mère, Imprimatur Developpement a également été visée par une saisie pour un montant non communiqué. Il nous a été impossible à l'heure où nous écrivons ces lignes de contacter son dirigeant Jean-Philippe Tauran.

Une troisième société, le Groupement des imprimeurs français (GIF), structure enregistrée en tant qu'imprimerie et reproduction d'enregistrements, a aussi été concernée par les mesures. Il est sous le giron de Paul-Alexandre Martin, ancien candidat du RN, que nous n'avons pas réussi à joindre.

Des tarifs "officiels" selon le RN

Le délégué aux affaires juridiques du RN, Wallerand de Saint Just, a indiqué à l'AFP avoir "cru comprendre que des saisies et des perquisitions ont visé des imprimeurs qui avaient travaillé peut-être bien pour les dernières régionales de 2021" sur les prestations dites du R39, matériel de propagande électorale que l'État rembourse.
Il a ajouté : "Reprocher au titre de la surfacturation, donc de l'escroquerie, à un imprimeur d'utiliser le tarif officiel pour se faire payer le matériel officiel, c'est totalement abusif."

Imprimatur Developpement et non Imprimatur concernée par les saisies

Il est important de souligner que, contrairement aux informations relayées par la presse régionale, l'entreprise saisie est Imprimatur Developpement et non Imprimatur.

Didier Burguet, dirigeant de Maqprint Groupe, qui a repris Imprimatur située à Limoges en 2017 et fermée en début d'année, assure que son activité est tout à fait distincte de celle d'Imprimatur Developpement, visée par les saisies. Entendu en qualité de témoin dans le cadre de l'enquête, il souligne également qu'aucun reproche ne lui a été formulé et rappelle que son imprimerie collabore avec différents partis politiques, sans exclusive.

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