Charlie Hebdo - Le business sans scrupules bat son plein

Journal, tee-shirt, adresses internet... un business macabre s'est mis en place autour de la fusillade qui a coûté la vie à douze personnes mercredi 8 janvier.

Un mouvement national, un soutien grandiose, une solidarité sans précédent... mais, forcèment, un business autour de Charlie Hebdo s'est aussi installé.

Le dernier numéro à 60 000 euros aux enchères

Des détenteurs de numéros de Charlie Hebdo n'ont pas hésité à les proposer aux enchères sur eBay dès le jour de l'attaque terroriste qui a fait douze victimes. L'un des exemplaires du numéro 1177, daté de ce funeste jour, a atteint la somme astronomique de 10 550 euros...

Le "numéro des survivants", qui est lui toujours en kiosque, fait pourtant fureur et pour l'instant, après 45 enchères, l'un de ces exemplaires arrive à 59 650 euros !

Il est aussi facile de trouver toutes sortes de produits dérivés utilisant le célèbre slogan "Je suis Charlie" : tee-shirts, casquettes, autocollants, drapeaux, mugs, porte-clefs, briquets se multiplient sur les sites de vente en ligne.

Devant ce macabre commerce, et peut-être pour se prémunir d'une mauvaise publicité, les plateformes de ventes ont fait savoir qu'elles s'engageaient à reverser leurs commissions à l'hebdomadaire satirique.

"Le site Amazon.fr reversera au magazine Charlie Hebdo les commissions qui seraient perçues sur les ventes de produits proposés sur sa Marketplace par des marchands tiers utilisant 'Je suis Charlie'. Le cas échéant, Amazon retirera tout produit proposé par des marchands tiers qui contreviendrait aux règles de sa Marketplace." 
Quant à Ebay la société s'engageait, vendredi, à retirer "les annonces publiées relatives à cette tragédie qui ne respectent pas nos conditions d'utilisation" et en France, à reverser "intégralement à Charlie Hebdo, les éventuelles commissions perçues sur les ventes de produits "Charlie Hebdo" et "Je suis Charlie'".

Les adresses web déposées quelques heures après le drame

Dès mercredi, les adresses de sites internet Jesuischarlie.fr, Jesuischarlie.com et Jesuischarlie.org ont été créées dès mercredi, soit le jour même de la fusillade dans les locaux de Charlie hebdo, qui a fait douze morts et onze blessés.

La société de conseil Coactiveteam qui a déposé www.jesuischarlie.fr, explique sur son site internet qu'"après son enregistrement, le site a été mis à la disposition de Charlie Hebdo via son avocat, Maître Malka."

Je ne suis pas une marque

L'Institut national de la propriété intellectuelle (l'INPI) a reçu de nombreuses demandes de marques "L'INPI a pris la décision de ne pas enregistrer ces demandes de marques, car elles ne répondent pas au critère de caractère distinctif. En effet, ce slogan ne peut pas être capté par un acteur économique du fait de sa large utilisation par la collectivité", ou faisant référence à ce slogan.

"twitter-tweet", explique l'établissement public.

Mais si l'INPI peut agir en France, rien ne peut garantir que les entreprises étrangères ne diffuseront pas cette marque à l'avenir.

Et en Belgique, la marque "fr" a déjà été déposé pour le Benelux. L'Office Benelux de la Propriété intellectuelle (BOIP) indique qu'Yanick Uytterhaegen, domicilié à Steenokkerzeel, en région flamande, a déposé ces trois mots le 8 janvier à 20h34.

Les internautes écœurés

Sur les réseaux sociaux, les internautes ne sont pas tendres avec les personnes qui profitent de ce drame et de ce mouvement national pour s'enrichir.

Le site de vente de tee-shirt Spreadshirt qui vend des articles estampillés du slogan a dû s'expliquer : " ou "Je suis Charlie" à la cagnotte officielle 'Soutenez Charlie Hebdo et les familles des victimes de l'attentat'" Il assure qu'aucune commission ne soit prélevée sur la vente des produits "twitter-tweet" et s'engage "fr"jesuischarlie"//platform.twitter.com/widgets.js"charliehebdo"utf-8".

Jeudi, un site proposant des t-shirts, casquettes et tasses "toute utilisation mercantile" a été supprimé quelques heures après sa mise en ligne face aux réactions. Sur Twitter, de nombreux utilisateurs ont dénoncé cette récupération de la tragédie.

(La première photo est une capture écran du site Ebay, le mercredi 14 janvier 2015) 

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