Comment est né ? / Le Cromalin : de la validation des couleurs à la révolution numérique

Rusé, ce nom de marque disparue a réussi à s'imposer dans le vocabulaire des imprimeries et agences de communication. Mais comment est-il né ?

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Le Cromalin n'est plus ce qu'il était ! À l'origine, le Cromalin servait principalement à contrôler la conformité de la chromie par les professionnels du compte-fils. Désormais, c'est un terme générique désignant une impression laser ou jet d'encre servant de bon-à-tirer (BAT).

Le Cromalin est entré dans le jargon du monde de l'imprimerie très précisément en 1972, date de la commercialisation par la société américaine Dupont de Nemours du système d'épreuvage couleur du même nom.
Cette épreuve était tirée sur un papier brillant de 250 g/m2 dont la surface était laminée avec une couche photosensible. Un jeu de quatre films (typons), un pour chaque couleur, permettait un par un d'appliquer le pigment en poudre correspondant sur le support.

Une épreuve couleur fidèle et contractuelle

Cette impression était destinée à être le reflet fidèle de ce qui devait sortir de la presse (offset dans la plupart des cas) et avait donc une valeur contractuelle. Réalisée sur un support brillant de 250 g/m2, elle permettait de vérifier, l'œil rivé sur le compte-fils, la superposition des encres, la charge d'encre, l'élargissement du point de trame grâce à la petite bande latérale de contrôle (Brunner). Cette épreuve s'accompagnait de sa gamme progressive (magenta, jaune, magenta + jaune, cyan, cyan + magenta + jaune, noir, noir + cyan + magenta + jaune).

Et pas question d'effectuer une quelconque correction de texte ou de mise en page lorsque le Cromalin était sorti sous peine de corrections d'auteur, car le fameux BAT était dégainé en amont de cette étape.

Le Cromalin, l'inconvénient de sa beauté

Bien qu'il permettait de détecter des problèmes colorimétriques, le Cromalin avait cependant l'inconvénient d'être… trop beau, le support utilisé n'étant pas celui de l'impression finale dans la plupart des cas. Une quadri sur un offset 90 g/m2 ou un couché mat 150 g/m2 n'a pas le même rendu que sur un couché brillant 250 g/m2 !

Une solution existait cependant pour ceux qui désiraient être certains de la qualité de l'impression : le tiré-à-part ou bon-à-rouler qui consistait à valider une feuille sortant de la presse. Mais ça, c'était avant.

Le nom de ce premier système d'épreuves a par la suite été utilisé pour désigner les autres systèmes similaires provenant d'autres fournisseurs. Puis l'ère du numérique a sonné le glas de ce type d'épreuve. Le Cromalin est resté dans la mémoire de l'imprimerie et le vocabulaire en devenant un terme générique des épreuves couleurs.

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