Comment est né ? / Le flan de clicherie, recette du XVIIIe siècle

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Avec l'invention du flan permettant de fabriquer le stéréo, duplicata de cliché typo, l'imprimerie du XVIIIe siècle se dota d'un outil réutilisable et économique.

Avec l'essor de l'imprimerie typographique et les tirages de plus en plus importants des quotidiens, est apparu le besoin de conserver les clichés originaux indispensables pour les tirages, clichés risquant d'être usé par la pression, le frottement et les encres des presses typo. Une seule solution : la création d'un duplicata à l'aide d'une matrice obtenue par une prise d'empreinte, moule réutilisable de nombreuses fois et permettant également d'économiser le temps précieux de composition manuelle.

La stéréotypie remonterait au XVIIIe avec l'imprimeur parisien Guillaume-Amable Valleyre qui, pour imprimer des Livres d'Heures, se servait de clichés obtenus en coulant du cuivre dans une empreinte en argile.
Dès lors les imprimeurs tels que William Ged, Joseph Hoffman, Joseph Carez, Firmin Didot, Louis-Etienne Herhan n'eurent de cesse d'améliorer le procédé.
C'est un Lyonnais, Jean-Baptiste Genoux, margeur dans une imprimerie, qui imagina et déposa en 1829 un brevet pour un moule fait de plusieurs couches de papier fin entre lesquelles se trouvait de l'argile et qu'il baptisa « flan », du nom du flan métallique destiné à devenir une médaille.

Source : Deutsche Fotothek
Source : Deutsche Fotothek - Détail photographie de Roger & Renate Rössing

Le flan, dans sa version plus moderne, devint une feuille de matière fibreuse résistant sans brûler à une chaleur extrême, celle issue d'une coulée en fusion à près de 300 degrés constituée de 80 % de plomb, 14 % d'antimoine et 6 % d'étain versée dans le moule pour obtenir le stereo.
La forme ou le cliché à reproduire est huilé, la pâte de cellulose déposée, le tout est glissé sur le plateau inférieur d'une presse chauffée à plus de 150 degrés pour faire évaporer l'humidité. Une vraie recette de flan au four même si le résultat final ressemble plus à une boîte à œufs en papier maché ! La pression exercée est de l'ordre de 100 à 150 kg/m2. L'alliage en fusion coulé, le nouveau cliché créé en relief et à l'endroit est scié, raboté et ensuite monté sur un bloc de la hauteur voulue.

Le flan, véritable empreinte flexible, fut utilisé en 1856 à Londres, pour des coulées cintrées afin d'obtenir les premiers clichés cylindriques montés sur des rotatives typo. La stéréotypie fut un procédé universellement utilisé au XXe siècle pour l'impression de quotidiens sur les rotatives typo.

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