Dimanche 1er juin en fin de matinée, un incendie s'est déclaré sur le site de Biomasse Énergie d'Alizay (BEA), dans l'Eure, à proximité de Pont-de-l'Arche. L'entreprise, spécialisée dans la production de vapeur à partir de déchets végétaux, alimente en énergie le papetier VPK Alizay.
D'après les premières constatations, le feu a pris au niveau d'un convoyeur extérieur transportant des copeaux de bois, avant de gagner un stockage extérieur de bois, à proximité des installations principales. Un frottement mécanique serait à l'origine de l'embrasement, a indiqué Nicolas Lebas, sous-préfet des Andelys, au micro de France 3 Normandie.
Environ 4000 tonnes de bois ont été détruites par les flammes. Aucun produit toxique ne s'est consumé, précise encore le sous-préfet. La chaudière biomasse et les autres installations techniques de BEA n'ont pas été endommagées. Une cinquantaine de personnes étaient présentes sur le site au moment de l'incident, heureusement aucune victime n'est à déplorer.
Une intervention d'ampleur pour maîtriser les flammes
L'intervention a mobilisé 60 sapeurs-pompiers et 12 engins du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS 27). Le plan d'opération interne (POI) a été déclenché dans la foulée, permettant de coordonner les opérations de secours avec la direction de BEA, la gendarmerie et les autorités locales, indique la préfecture de l'Eure.
À 18 heures, le sinistre était "maîtrisé et limité à la zone de stockage extérieur de la biomasse" et la propagation aux installations industrielles proches "évitée". La préfecture précise également que des équipes sont restées mobilisées pour surveiller le site durant la nuit. Et lundi 2 juin, au matin, les pompiers sont toujours sur place, selon les informations de France 3 Normandie. Une suspension temporaire d'activité sur le site n'est pas exclue.
Le site BEA n'est pas classé Seveso. L'incident, bien que spectaculaire, n'a donc pas donné lieu à des mesures de confinement ou d'évacuation.
Un contexte industriel déjà sous tension
Le maire d'Alizay, Arnaud Levitre, a salué la réactivité des pompiers et la coordination entre les responsables de BEA et VPK. Il a rappelé, au journal Paris-Normandie, que l'ancien site industriel abritait autrefois une papeterie classée Seveso seuil haut, aujourd'hui reconvertie dans la valorisation énergétique. Contactée, la direction de VPK Alizay n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Cet incident survient alors que la chaudière BEA est au cœur d'un projet de grande ampleur baptisé DEziR (Décarbonation en Seine-Eure et sur la zone industrielle de Rouen), porté par la société Verso Energy. Ce projet prévoit l'installation d'une unité de captation de CO2 sur le site pour un montant de 1,3 milliard d'euros, avec un horizon de mise en service fixé à 2029.
Cet épisode pourrait relancer les inquiétudes déjà exprimées par des habitants. Quelques jours avant l'incendie, un collectif de riverains avait organisé une réunion publique pour dénoncer les nuisances liées à l'activité de la zone industrielle d'Alizay, rappelle France 3 Normandie.
