Les industriels de l'emballage le savaient : la stérilisation en autoclave constituait l'un des derniers verrous à la recyclabilité des emballages souples. Cette contrainte, liée aux hautes températures du procédé, après remplissage et scellage, imposait jusqu'ici des structures multicouches complexes, impossibles à recycler. Bobst, Brückner Maschinenbau et Mitsui Chemicals annoncent avoir franchi un cap technique significatif en développant une structure mono-matériau, résistante au process de stérilisation en autoclave (retort) tout en étant compatible avec les filières de recyclage existantes.
Ce développement, une première mondiale, a été dévoilé lors du K 2025, salon international du plastique et du caoutchouc, qui s'est déroulé en octobre en Allemagne. Il s'agit d'un film polypropylène métallisé à barrière élevée, intégrant des couches ultra-fines de revêtements résistants à la chaleur. Bobst a mobilisé son expertise en métallisation sous vide, Brückner a fourni la technologie d'extrusion et d'orientation avec enrobage en ligne et Mitsui a développé un primer thermorésistant.
L'enjeu : la résistance à la stérilisation du revêtement barrière
Le point critique résidait dans la capacité du film à conserver ses propriétés barrière après passage en autoclave. Selon Anrika Heermant de Mitsui Chemicals Europe, l'enjeu portait plus précisèment sur la tenue des revêtements et la protection de la couche métallisée, exposée à la corrosion en présence de vapeur. En parallèle, la stabilité dimensionnelle du polypropylène durant la réticulation thermique posait des défis en termes de rétrécissement du support, susceptibles d'altérer l'intégrité barrière.
Pour répondre à ces contraintes, Brückner a conçu un procédé d'enduction en ligne permettant d'appliquer des couches très fines mais suffisamment résistantes. Les films obtenus ont été métallisés avec la technologie AluBond sur l'équipement Expert K5 de Bobst dans le centre de compétences de Manchester de Bobst.
Ce traitement, déjà éprouvé dans d'autres applications barrière, améliore l'adhésion intercouche, stabilise l'énergie de surface et garantit des performances de transmission d'oxygène (OTR) et de vapeur d'eau (WVTR) jugées "excellentes" après stérilisation.
Mitsui a complété la structure avec un top coating et une résine de liaison. Le résultat est une solution mono-matériau qui fonctionne, bien qu'elle ne soit pas encore disponible en production industrielle.
Des débouchés dans l'alimentation animale
La solution vise prioritairement les applications alimentaires nécessitant une stérilisation thermique en autoclave, notamment les aliments pour animaux, un segment très consommateur de structures aluminium-PE ou PET-PP complexes. Ces emballages étant visés par les nouvelles réglementations européennes, notamment le futur règlement sur les emballages et déchets d'emballages (PPWR), la disponibilité de solutions compatibles avec les filières de recyclage mono-matériau devient un enjeu stratégique.
Les trois partenaires envisagent désormais d'ouvrir le projet à d'autres industriels pour valider sa reproductibilité à grande échelle.








