La sortie d'UPM du papier graphique ne relève pas d'un simple recentrage industriel. Le projet de coentreprise avec Sappi qu'il vient d'annoncer marque en réalité l'aboutissement d'une transition stratégique entamée depuis plus d'une décennie. Le groupe finlandais entend désormais accélérer sa transformation en réduisant ses activités sur les marchés en déclin, pour se positionner comme un fournisseur mondial de solutions matérielles issues de la bioéconomie.
Massimo Reynaudo, président-directeur général d'UPM, assure que la création de la coentreprise est "une nouvelle ère" dans sa transformation, entamée selon lui bien avant le projet de joint-venture. Une fois la coentreprise formée, UPM ne sera plus directement présent dans les ventes de papier graphique en Europe et en Amérique du Nord, deux zones où la demande continue de s'effriter.
Cette évolution permettrait au groupe d'alléger son exposition à un segment encore significatif (près de trois milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024), mais dont la rentabilité et les perspectives restent contraintes.
Le portefeuille d'UPM recentré sur trois piliers
Le recentrage stratégique d'UPM s'articule désormais autour de trois axes.
UPM compte sur les fibres renouvelables, avec une production de pâte à papier issue de plantations gérées durablement et une logistique intégrée entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
Ensuite, le Finlandais mise sur les matériaux avancés, qui regroupent notamment les étiquettes techniques, les papiers d'emballage souples et les liners industriels.
Enfin, UPM s'appuie sur les solutions de décarbonation, qui englobent la production d'électricité bas carbone, les carburants renouvelables et la chimie verte.
Parmi les projets emblématiques de ce basculement figure la bioraffinerie de Leuna, en Allemagne. Ce site pionnier dans la production de molécules biosourcées à usage industriel doit livrer ses premiers clients d'ici fin 2025. Il illustre l'ambition d'UPM de se positionner sur des segments à haute valeur ajoutée, moins exposés aux cycles industriels classiques.
11,6 % de marge d'EBITDA pour UPM Communication Papers
Les données financières fournies par UPM confirment la logique du repositionnement. Sur la dernière décennie, ces trois divisions ont connu une croissance moyenne annuelle de 4,4 %.
Hors papier graphique, UPM affiche un chiffre d'affaires annuel de 7,9 milliards d'euros en 2024, avec une marge d'EBITDA de 17,6 %, contre 11,6 % pour les activités d'UPM Communication Papers.
UPM prévoit d'accompagner cette transformation par une allocation du capital ciblée. Le groupe qui emploie près de 16000 personnes affirme vouloir renforcer sa compétitivité, optimiser l'usage de ses actifs et maintenir un bilan solide, tout en assurant une distribution régulière aux actionnaires.
En parallèle, une revue stratégique est en cours sur l'activité contreplaqué (UPM Plywood), dont l'issue est attendue fin 2026, au même horizon que la finalisation de la coentreprise graphique.
Dans un secteur où le papier graphique reste central pour de nombreux acteurs, UPM fait le choix d'un repositionnement assumé. Sans rupture brutale, le groupe finlandais poursuit sa trajectoire vers des marchés plus techniques et, surtout, plus rentables.








