À quelques jours seulement de l'échéance fixée au 1er janvier 2026, l'interdiction des gobelets jetables contenant du plastique connaît un sérieux revirement. Alors que la filière devait s'y préparer depuis plus de trois ans, le ministère de la Transition écologique vient de soumettre à consultation un projet d'arrêté qui propose de reporter cette interdiction à 2030.
Une décision qui appuie sur le bilan technique de la DGPR
Ce changement de cap s'appuie sur un bilan établi par la direction générale de la prévention des risques (DGPR), daté de novembre 2025. Selon ce document, les solutions techniques permettant de supprimer le plastique dans les gobelets jetables – en particulier ceux dotés d'une barrière en polyéthylène – ne sont pas disponibles à un niveau de maturité suffisant pour une mise en œuvre à l'échelle industrielle.
Conformément à la directive européenne Single-Use Plastics (SUP) de 2019 et à la loi française Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec), l'arrêté de 2021 fixait une trajectoire de réduction progressive de la teneur en plastique. Aujourd'hui, et depuis le 1er janvier 2024, seuls les gobelets à usage unique contenant jusqu'à 8 % de plastique sont autorisés.
Le nouveau texte propose de repousser à 2030 l'échéance finale, tout en maintenant l'objectif d'un gobelet sans plastique. Un bilan intermédiaire est prévu en 2028 pour évaluer les avancées technologiques et un délai d'écoulement des stocks est également envisagé pour les gobelets fabriqués ou importés avant cette date.
Des solutions avancées, mais encore limitées
En vue de remplacer ces films plastiques, plusieurs solutions techniques ont été évaluées. Le rapport DGPR classe les technologies selon leur niveau de maturité technologique.
Parmi les procédés les plus avancés figurent les enductions aqueuses de polymères synthétiques, tels que les copolymères acryliques ou styrène-butadiène. Leur niveau de développement est considéré comme abouti, mais ces matériaux restent définis comme plastiques au sens réglementaire, et leur recyclabilité n'est pas systématiquement garantie.
Des technologies encore au stade pilote
D'autres procédés sont encore en phase expérimentale. Le dépôt sol-gel de silice offre une barrière efficace à l'eau et aux graisses, mais implique l'ajout d'un adhésif pour le scellage, ce qui limite son usage sur des emballages tridimensionnels. Son niveau de maturité est évalué à mi-parcours. Le chimigreffage d'alumine, par dépôt en phase gazeuse, permet des couches très fines, mais ne bénéficie pas encore d'une validation pour le contact alimentaire.
Le procédé Janus, basé sur des composants végétaux, est industrialisé pour la fabrication de granulés, mais n'a pas encore été adapté à la production de gobelets. Enfin, des techniques de soudure par ultrasons sont en développement pour pallier l'absence de thermoscellabilité sur certaines alternatives, sans toutefois constituer une solution en soi.
Une échéance techniquement intenable
C'est sur la base de ce bilan technique que le ministère de la Transition écologique propose de repousser l'échéance à 2030. La DGPR conclut que, malgré les efforts engagés, aucune des alternatives étudiées ne permet aujourd'hui une production de gobelets sans plastique à l'échelle industrielle.







