Bientôt un regain des cartes papier en France ?

Après des années de chute des ventes, les cartes papier, à l'instar de ce qui a été observé en Angleterre, semblent redevenir un produit apprécié et utilisé par les Français. Frédéric Cantat, chef de service des études et du marketing de l'IGN, fait, pour GraphiLine, un état des lieux.

Depuis une dizaine d'années, les ventes de cartes papier subissent les contrecoups des nouvelles technologies. Mais Ordnance Survey, le service de cartographie du Royaume-Uni, a vu en 2014 cette tendance à la baisse s'inverser (3 % de ventes en plus).

Son homologue français, l'Institut national de l'information géographique et forestière, l'IGN, a, lui aussi, observé ce qui pourrait s'apparenter aux prémisses d'un changement.

"Nous n'avons pas encore constaté une inversion des courbes comme c'est le cas sur le marché britannique mais nous avons constaté un point d'inflexion en 2014 sur les ventes et les comportements," nous explique Frédéric Cantat, chef de service des études et du marketing de l'IGN (en photo).

La baisse des ventes de cartes papier a débuté au milieu des années 2000, une érosion liée notamment à la substitution des cartes par de nouveaux usages comme Internet, les mobiles ou les GPS.

Depuis 2007, le volume des ventes des cartes papier de l'institut a baissé en moyenne de 4 % par an, pour atteindre 2,3 millions d'exemplaires en 2014.
Les plans de ville et les atlas routiers sont les types de produits les plus touchés par cette baisse.

"On a une érosion des volumes assez forte," concède Frédéric Cantat. "Mais en valeur, on se défend plutôt bien," poursuit-il.

En effet, de 2007 à 2014, le chiffre d'affaires des cartes papier de l'IGN a baissé, en moyenne, de "seulement" 1,25% par an.
La baisse a été endiguée principalement grâce à une plus forte valeur ajoutée sur les cartes de loisirs.

Et cette année, quelques indices laissent à penser que la dégringolade arrive à bout de souffle.
"On constate que l'on a attend un palier, un point inflexion en 2014 sur les ventes."

Les ventes du segment des cartes de randonnées est resté stable par rapport à 2013. Et le service d'impression personnalisée ouvert depuis huit ans a enfin réalisé une progression à deux chiffres des ventes en valeur. + 14 % par rapport à 2013.

Et ce changement se constate également dans les comportements des Français.

En 2014, l'utilisation d'une carte papier ou un atlas papier pour choisir un itinéraire est en hausse par rapport à l'année précédente : 38 % des Français en 2014 ont déclaré utiliser ces supports papier pour trouver un itinéraire touristique ou une randonnée contre 37% en 2013, d'après leur baromètre annuel réalisé par un institut d'étude. La hausse est légère certes, mais c'est la première fois observée depuis 2008.

"On avait un effritement régulier. On était à 48 % en 2008. Puis le pourcentage a baissé régulièrement... Et là pour la première fois, il augmente."

Et rien de tel pour redonner confiance.

"Quand on interroge les gens, on voit bien qu'il y a une part de la population qui ne conçoit pas de partir sans carte papier, notamment le randonneur fréquent ou le randonneur occasionnel en famille.

Les accros de la randonnée ne partent pas sans une carte papier pour des questions de confort de lecture d'informations. Ce type de randonneurs utilise généralement un appareil électronique et la carte papier.
Et les autres ne sortiront pas la carte mais la prendront par sécurité. Si leur matériel électronique tombe en panne, ils veulent avoir une roue de secours," explique Frédéric Cantat.

Et l'IGN ne compte pas en rester là.

"Nous sommes convaincus qu'il va y avoir une modification de l'utilisation des cartes papier et que les gens sont prêts à acheter une carte papier à condition qu'elle ait toujours davantage de valeur ajoutée par rapport au numérique. Et sur des pratiques notamment sportives, on est dans un domaine où on a des choses à faire."

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