Xerox s'offre Lexmark : une acquisition à prix d'or pour redessiner le secteur de l'impression

Xerox annonce l'acquisition de Lexmark pour 1,5 milliard de dollars, un tournant stratégique pour deux acteurs majeurs de l'industrie de l'impression. Entre consolidation des marchés, synergies annoncées et défis à relever, ce rapprochement interroge sur l'avenir du secteur. Prévue pour 2025, cette transaction pourrait redessiner les contours des services d'impression et de gestion documentaire à l'échelle mondiale.

Xerox, pionnier américain de la photocopie, a décidé de racheter Lexmark, un fabricant d'imprimantes et de services d'impression d'origine américaine fondée en 1991, issue de la scission de la division impression d'IBM. Si l'opération semble taillée pour renforcer la présence des deux entreprises dans 170 pays, elle suscite aussi des interrogations. L'objectif ? Consolider sa position sur un marché de plus en plus concurrentiel. Les deux entreprises, présentes dans 170 pays, unissent leurs forces pour répondre aux besoins croissants de solutions d'impression adaptées aux environnements de travail hybrides.

Lexmark, connu pour ses solutions A4 couleur, devrait bénéficier de l'intégration avec la technologie ConnectKey de Xerox. Ensemble, elles viseront une meilleure pénétration du marché A3 et l'expansion des services numériques. Ce partenariat s'appuie sur des complémentarités techniques, tout en exploitant l'expertise de Lexmark dans la production OEM et celle de Xerox dans la gestion documentaire.

D'un côté, les synergies annoncées (200 millions de dollars d'économies prévues et une réduction de l'endettement) pourraient, à terme, redonner du souffle à l'entreprise. D'un autre, le positionnement technologique et commercial de Xerox reste flou. Comment justifier une telle acquisition alors que des segments clés comme le jet d'encre, pourtant prometteurs, ont été abandonnés ? Lire : Confidentiel / Xerox réduit ses activités de production d'équipements et envisage une réorientation stratégique. Cette stratégie hétérogène soulève des inquiétudes sur la capacité de Xerox à répondre aux défis de l'industrie et à maintenir son rôle historique de précurseur.

Xerox semble avoir choisi son moment. Lexmark, propriété depuis huit ans d'un consortium d'investisseurs chinois (Ninestar Corporation, PAG Asia Capital et Shanghai Shouda Investment Center), avait été racheté pour 3,6 milliards de dollars. Aujourd'hui, sa revente pour une somme divisée par deux illustre les défis auxquels fait face l'industrie de l'impression.

Si l'acquisition permet à Xerox de renforcer son implantation en Asie et aux États-Unis, la pertinence de cette stratégie est scrutée de près par les concurrents comme Fujifilm (Lire : Fujifilm s'attaque au marché de la bureautique multifonctions) et Canon. Ces derniers pourraient ajuster leurs propres positions pour éviter de se retrouver marginalisés dans un marché où la consolidation est en hausse. Toutefois, l'avenir de cette alliance Xerox-Lexmark dépendra de la mise en œuvre de synergies réelles et d'une clarification des orientations stratégiques de l'ensemble.

Le rachat reste conditionné à l'approbation des autorités de régulation et des actionnaires de Ninestar, principal actionnaire de Lexmark. Une fois finalisée, cette opération permettra à Xerox et Lexmark de s'imposer comme un des cinq leaders mondiaux dans les solutions d'impression, avec une forte présence en Asie-Pacifique.

Plus d'articles sur le thème