Thomas Berthon, 36 ans, ouvre un atelier d'impression typographique (84)

Thomas Berthon, graphiste, veut retrouver le travail de la matière. © Matthieu Prier

Las de travailler devant son écran, Thomas Berthon, graphiste, a décidé de revenir aux fondamentaux et a ouvert une imprimerie letterpress à Avignon.

"Les Caracterres est un atelier de création graphique et d'impression typographique (letterpress). En pleine renaissance, la typographie, ce procédé d'impression qui a à prés de 600 ans, redonne un coup d'éclat à la communication imprimée", peut-on lire sur le site internet de Thomas Berthon.

Située à Avignon dans le Vaucluse, cette imprimerie est un rêve longtemps caressé par Thomas Berthon. Après un BTS communication visuelle et 10 ans d'expérience en tant que graphiste indépendant, il a enfin sauté le pas.

Fatigué du numérique

"Il est arrivé un moment où j'en ai eu un peu marre de l'écran. C'est la fatigue du numérique en fait..., explique-t-il. Et puis j'ai toujours eu beaucoup des affinités avec le monde de l'imprimerie. L'impression typo, c'est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis longtemps."

Il poursuit : "Avec l'impression typographique, on n'a plus quelque chose de plat. On a un objet être les mains, on peut toucher. Il y a de l'émotion, il se passe quelque chose. C'est l'intérêt du letterpress. On a un imprimé qui devient objet..."

Un métier qui évolue encore

Par des voyages et des recherches sur le monde du graphisme du monde entier, il constate dans les pays anglo-saxons, un fort regain pour ce mode d'impression, notamment grâce aux clichés polymères qui permettent de remplacer le plomb.

"Maintenant, il y a l'outil informatique, les clichés polymères... On a une liberté de création qui est presque sans limites, souligne-t-il. Je ne suis pas dans une optique ultra traditionnelle où je fais tout au plomb."

Pour réaliser ce projet d'ouvrir son imprimerie typo, il a racheté début janvier 2015 pour environ 2 000 euros à des confrères imprimeurs sur le départ une presse Heidelberg et un massicot. Ces deux imprimeurs de ville en ont profité pour lui faire cadeau de leurs accessoires comme des lingotières qui seraient partis à la fonte.

La formation assurée par des anciens

"Mais le plus gros souci n'a pas été de s'équiper : ça a été de se former parce que c'est un métier qui n'existe plus."

Après avoir cherché des informations sur internet, téléphoné à des musées, demandé autour de lui, il finit par rencontrer trois anciens typographes qui ont proposé de le former.

"Ils sont contents de transmettre parce que c'est un métier de passionnés."

Aujourd'hui, il est tout à fait opérationnel, mais la formation continue. "Et elle va continuer longtemps ! Un typographe vous le dira : c'est un métier où l'on apprendra constamment ! Tous les boulots sont différents."

Un joli carnet de commandes

Installé au sein d'une pépinière très dynamique qui l'aide beaucoup à porter ce projet, il a commencé la production en juillet.

Prudent, il garde pour le moment en parallèle son métier de graphiste. Et s'il est aujourd'hui sous le statut de l'autoentreprise, il souhaite passer rapidement en société.

Il a aujourd'hui des commandes, "pas mal de commandes même". Ses premiers jobs viennent de ses clients en tant que graphiste, mais aussi des viticulteurs, des agences et des galeries d'art.

De l'artisanat oui mais pas réservé qu'au luxe

Cela reste dans le domaine artisanal, de petites séries. "Mais ce n'est pas pour ça que va s'adresse au secteur du luxe : cela reste accessible", insiste Thomas Berthon

L'une des contraintes techniques reste le format, en A4. "Mais avec de la découpe on peut faire énormément de choses", souligne le typographe. "Ça laisse tout de même une marge de manœuvre pour tout le packaging, la papeterie, la carterie, des petites éditions comme des couvertures de livres. Les applications sont vraiment nombreuses."

Il s'adresse avant tout à "tous les gens qui ont un produit et un savoir-faire qu'ils veulent valoriser – la belle hôtellerie restauration, les métiers à la communication, l'artisanat d'art...".

"Je pense que j'ai la même démarche qu'eux. Cela donne un produit et une façon de communiquer cohérente et surtout authentique."

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