Roto Alba France (59), l'histoire d'un gâchis

Un an après avoir été rachetée à la barre du tribunal de Commerce, l'imprimerie H2D Lys rebaptisée Roto Alba France va très certainement fermée avant même d'avoir réussi à redémarrer...

Le rachat de l'imprimerie H2D Lys à Nieppe en mai 2014 par l'Italien Guido Veneziani Editore semblait augurer un bel avenir pour la nouvelle entreprise, baptisée Roto Alba France. 70 personnes devaient être embauchées et les commandes étaient déjà là.

Mais un an après, les salariés sont au nombre de dix et les machines n'ont toujours pas tourné. Pire, un démarrage n'est plus à l'ordre du jour : c'est plutôt une fermeture qui attend Roto Alba France.

Le site est privé d'électricité depuis le mois de février et les employés ne sont plus payés depuis janvier ou février.

Et ces salariés qui se sont pourtant longtemps battus pour faire revivre le site auraient aussi saisi le tribunal de Commerce pour demander la liquidation de l'entreprise, si le groupe ne les avait pas devancés.

Demain, Guido Veneziani Editore doit présenter au tribunal une demande de liquidation de Roto Alba France.

Les employés, qui ne peuvent faire qu'acte de présence dans une usine plongée dans le noir, sont pour la plupart des anciens H2D Lys, réembauchés l'an dernier. Ils ont tenté longtemps de travailler à la remise en état du parc des machines.

"On voyait bien qu'il y avait des difficultés, mais on a essayé de continuer à se battre pour essayer de s'en sortir et d'aller jusqu'au bout," nous explique l'un d'eux.

Un bras de fer judiciaire avec le propriétaire des murs

À partir de juin 2014, un long bras de fer entre le propriétaire du bâtiment et les dirigeants de l'imprimerie nieppoise est venu entraver le redémarrage.
Guido Veneziani Editore a été confronté à des procédures judiciaires l'opposant à la SCI des Ormes, propriétaire des bâtiments du site.

La SCI des Ormes, dans laquelle figure l'ancien patron de Hélio Lys qui deviendra H2D Lys, a tout d'abord demandé la résiliation du bail la liant à Roto Alba au motif que les loyers n'avaient pas été payés depuis la mise en place de la procédure de liquidation. Fin juillet, le tribunal de grande instance de Lille décide de donner six mois au liquidateur pour payer les loyers.

Début août, c'est le tribunal de commerce de Dunkerque que saisit la SCI des Ormes. Elle s'oppose cette fois-ci à la vente de l'entreprise. L'instance judiciaire donne cependant raison à Roto Alba France en déclarant cette requête irrecevable.

Mais la SCI fait appel alors du jugement sur le bail, remettant en suspens l'avenir de Roto Alba jusqu'au mois de décembre.

Entre temps, la direction n'est pas arrivée à faire remettre le gaz dans l'usine et ainsi redémarrer la chaudière. Pour cela, il fallait l'aval d'une autre entreprise du site et de la SCI des Ormes, accords qui ont nécessité plusieurs mois...

Un retard fatal au redémarrage

Ce retard de plus de huit mois dans le redémarrage de l'usine aurait été fatal à Roto Alba France, d'après certains salariés. Pour eux, le principal responsable de l'échec de cette reprise d'activité est la SCI des Ormes.

"La SCI des Ornes a mis tout en œuvre pour que ça ne puisse pas marcher. Faire tenir une société qui ne tourne pas et dépenser de l'argent pendant plus d'un an, au bout d'un moment, ça finit par casser," déplore un salarié.

Le groupe italien au bord de la faillite

Car il faut aussi ajouter que, de l'autre côté des Alpes, la maison-mère, Guido Veneziani Editore, ne se porte pas au mieux.

Bien que le groupe vient de racheter le journal italien L'Unitas, les 140 employés de Roto Alba, l'activité impression italienne du groupe, sont en grève depuis mi-avril, car ils ne perçoivent plus de salaires depuis plusieurs mois.

D'après la presse italienne, Guido Veneziani Editore devrait aussi déposer fin mai une demande de liquidation du groupe d'impression Roto Alba.

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