Il fait à l'ancienne, mais ça ne l'empêche pas d'innover. À Gaillac, dans le Tarn, Cédric Franques dirige avec sa sœur Sophie l'Imprimerie Rhode, entreprise familiale où les finitions typographiques ne relèvent ni de la nostalgie ni de la démonstration, mais bien de la production quotidienne. Elles représentent même 20 % du chiffre d'affaires de l'imprimerie de 10 personnes.
C'est cette pratique, à la fois ancienne, innovante et opérationnelle, que la Chambre de Métiers du Tarn et d'Occitanie a choisi de reconnaître en lui attribuant le titre de Maître artisan imprimeur, l'unique d'Occitanie.
L'Imprimerie Rhode, un atelier remarquable
L'idée de la candidature à ce prestigieux titre est venue d'une professeure en visite avec des étudiants. En voyant tourner les machines de dorure, elle en fait part à la Chambre. Le contact est pris. Puis commence en novembre le montage du dossier avec la présentation de réalisations. "C'était intensif, surtout au niveau papier", se souvient le Maitre artisan imprimeur.
La Chambre visite en janvier l'imprimerie quelques mois plus tard. Elle y découvre un site de production polyvalent avec façonnage intégré, où des traceurs Epson cohabitent avec des presses offset et typographiques.
"Nous faisons presque tout, du numérique à l'offset en passant par la découpe. Et depuis 2019, nous avons intégré le façonnage. ll y a seulement le pelliculage et le vernis ainsi que le cousu collé que nous ne réalisons pas en interne."
La dorure à l'ancienne, savoir-faire hérité de son grand-père
La dorure à chaud est réalisée sur des presses typographiques. "C'est mon grand-père qui m'a appris le métier. Nous ne sommes aujourd'hui plus très nombreux à faire de cette dorure. C'est un travail qui se perd, car le matériel n'est plus aux normes, donc seuls les chefs d'entreprise peuvent utiliser les machines." Le gaufrage et l'embossage sont aussi régulièrement associés à la finition métallisée.
Faire-part, cartes de réception, papiers à en-tête, menus : les applications sont nombreuses, pour des clients variés, particuliers comme établissements haut de gamme. Et depuis la période post-Covid, la demande s'est renforcée. "Les clients veulent des supports qui sortent de l'ordinaire. On voit un vrai retour à la qualité."
Deux ans de développement pour l'encre à gratter appliquée en dorure
Et ce ne sont pas les seules finitions pour lesquelles l'imprimerie s'est fait remarquer. Un autre procédé, plus discret mais tout aussi maîtrisé, a retenu l'attention de la Chambre des métiers : une encre à gratter posée non pas en sérigraphie, mais en dorure à chaud. "Cela permet de limiter les coûts et le nombre d'exemplaires minimum par rapport à la sérigraphie."
Ce procédé lui a demandé deux ans de mise au point de recherche de films et de procédés d'application : "Les films à gratter proposés par les fournisseurs ne fonctionnaient que sur un papier précis, avec un support spécifique et le résultat était souvent aléatoire. Partant de là, j'ai réfléchi pour développer ce produit." L'imprimerie Rhodes propose depuis un an son encre à gratter en soustraitance et aujourdtir'hui, elle réalise en moyenne un calage par semaine pour ce type d'application notamment pour les tombolas.
Vers une imprimerie certifiée Zéro déchet
Après l'attribution du titre de Maître artisan imprimeur le 5 mai dernier, Cédric Franques poursuit une autre démarche : celle du label Zéro déchet. L'atelier a déjà engagé plusieurs actions, notamment le recyclage des films étirables, qui sont aujourd'hui transformés en rembourrage de doudounes. À Gaillac, la tradition graphique continue de cohabiter avec des choix techniques engagés et une production bien vivante.
