Alors que la direction de Condat souhaite trouver un repreneur d'ici la fin de cette année, elle enclenche une procédure judiciaire. L'usine de Lardin-Saint-Lazare en Dordogne déposera le 22 octobre une demande d'ouverture de redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Bordeaux. L'objectif est de faciliter la recherche d'un repreneur du fabricant de papiers spéciaux pour étiquettes auto-adhésives tout en préservant les emplois et la continuité d'activité.
Condat, une papeterie de 220 salariés aux "atouts importants"
"Le site de 26 hectares dispose d'atouts importants", souligne la direction dans un communiqué.
La papeterie Condat, qui emploie 220 salariés, a en effet bénéficié de 237 millions d'euros d'investissements depuis 2019 en grande partie provenant de sa maison-mère le groupe espagnol Lecta.
Elle a ainsi pu transformer sa ligne de production de papier couché en papiers spéciaux (glassine) et construire une chaudière à combustibles solides de récupération (CSR), opérationnelle depuis février 2025, et qui "permet d'importantes économies de coûts carbone et électricité". Condat prévoit un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros en 2025.
Neuf marques d'intérêt, dont trois jugées sérieuses
Selon une porte-parole de Condat, à l'heure actuelle, neuf marques d'intérêt ont été reçues, dont trois jugées sérieuses, parmi lesquelles figure une banque d'affaires finlandaise spécialisée dans la papeterie.
Elle souligne que "les dettes sont trop importantes pour permettre une reprise en l'état" - sans toutefois en divulguer le montant - d'où la demande de mise en redressedement judiciaire pour cession.
Le redressement judiciaire permettrait de suspendre le paiement des dettes antérieures, d'assurer le règlement normal des salaires et des factures postérieures, et de sécuriser la trésorerie pendant la période de recherche de repreneur.
Surtout, il placerait l'entreprise dans une meilleure situation financière et juridique pour concrétiser ces offres.
La procédure devrait permettre également d'élargir la recherche de repreneurs sous l'égide du tribunal et en complément de la banque d'affaires mandatée.
La stratégie de Lecta mise à mal par des éléments extérieurs
Après une chute de près de 70 % de la demande de papier couché en Europe entre 2011 et 2024, Condat avait fermé sa ligne de production de papier couché fin 2023 pour concentrer son activité sur le papier glassine, segment qui affiche une croissance annuelle de 2 %.
L'installation de la chaudière CSR qui avait pour but de réduire les coûts de production et l'empreinte carbone de l'usine n'a cependant pas permis de compenser à temps la hausse des coûts de l'énergie survenue en 2022. Et le coup final a été porté au printemps dernier avec l'augmentation des droits de douane américains qui a renforcé la saturation du marché européen.
L'activité de la papeterie Condat maintenue pendant la procédure
Dans l'attente de la décision du tribunal, qui peut intervenir dès mercredi sur l'ouverture de la procédure et la durée de la période d'observation, l'activité de Condat se poursuit normalement.
L'équipe de direction reste en place, renforcée par la nomination de Dominique Bernard à la tête du site. Celui-ci est présenté comme un spécialiste des situations complexes.
La société insiste sur le maintien de la qualité de service à ses clients et sur la protection des emplois durant cette période.