La papeterie Chapelle Darblay bientôt confiée à Veolia/Fibre Excellence

Utilisant son droit de préemption, la Métropole Rouen Normandie rachète l'usine à papier du groupe UPM aujourd'hui à l'arrêt afin de la céder au duo Veolia/Fibre Excellence.

Le projet aura mobilisé pendant des mois et des mois anciens salariés, élus, État et industriels. Mais la détermination aura payé. À l'unanimité, l'acquisition de la papeterie Chapelle Darblay par préemption a été validée lors du conseil extraordinaire de la Métropole Rouen Normandie qui s'est tenu le 1er mars. Ce vote marque le début de la renaissance de l'unique site de fabrication de papier 100 % de France. La Métropole bientôt propriétaire du site cédera ensuite l'usine à papier située à Grand-Couronne en Seine-Maritime au consortium Veolia/Fibre Excellence.

Une étape "nécessaire et importante"

"Nous sommes particulièrement satisfaits de cette étape nécessaire et importante. Cette opération nous permet de nous affranchir du choix initial du groupe UPM qui était de vendre à d'autres opérateurs industriels que des papetiers et dont l'objectif était de détruire le process, déclare Arnaud Dauxerre. Nous sommes satisfaits, mais il reste beaucoup de travail."

Ex-représentant du collège-cadres du comité social et économique (CSE) de Chapelle Darblay, Arnaud Dauxerre a longuement travaillé avec deux autres anciens salariés de l'usine, Cyril Biffault, délégué syndical CGT, et Julien Sénécal, secrétaire du CSE, afin de faire aboutir un projet de reprise.

"Nous avons réussi à faire ouvrir les yeux au monde politique et institutionnel de l'intérêt de préserver un tel site en France, souligne-t-il. La Métropole a toujours été convaincue du bien-fondé de ce projet, mais il a fallu convaincre Bercy qu'un nouveau schéma papetier était tout à fait pertinent. La détermination et une volonté industrielle corroborées par des études de marché ont payé."

Le consortium Samfi/Paprec écarté

À la recherche de repreneurs depuis 2019, le groupe papetier finlandais UPM avait annoncé, en octobre dernier, sa volonté de céder le site de fabrication de papier journal au groupement Samfi/Paprec, dont le projet était de transformer l'usine en une plateforme d'approvisionnement en énergie verte et une usine de tri et de conditionnement de papiers et plastiques.

Le 11 février, Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie, contre-attaquait en activant le droit de préemption de la Métropole, afin de céder le site à un repreneur ayant un projet préservant l'activité de recyclage de l'usine, c'est-à-dire Veolia/Fibre excellence.

"Nous nous battons pour l'emploi durable, pour l'économie circulaire, pour concilier écologie et économie. Comme je l'avais annoncé, la Métropole fait bloc aux côtés des syndicats pour préserver Chapelle Darblay et ses activités hautement stratégiques, non seulement pour le territoire, mais pour la France entière, explique Nicolas Mayer-Rossignol dans un communiqué. Tout n'est pas joué. Il reste encore beaucoup d'incertitudes et le chemin est long. Mais aujourd'hui marque une étape supplémentaire majeure dans notre lutte pour la préservation de Chapelle Darblay. L'unanimité du vote est aussi un message politique fort."

Début mai la reprise par Veolia/Fibre Excellence

La prochaine échéance est début mai avec la reprise du site par Veolia/Fibre Excellence. "Nous avons passé les principales difficultés. Désormais, la balle est du côté des industriels, précise Arnaud Dauxerre. Ils doivent maintenant finaliser leur montage financier qui est de 160 millions d'euros de dépenses dont 120 millions d'investissement."

Le projet principal du consortium est de convertir la machine PM6 pour la production de papier pour emballage. Veolia se concentrera sur son cœur de métier à savoir la production d'énergie.

200 personnes embauchées pour le redémarrage

Les deux groupes comptent fabriquer 400 000 tonnes de carton d'emballages dans un premier temps, puis augmenter la production avec la remise en marche de la seconde machine à papier. 350 voire 400 personnes pourraient alors travailler à la papeterie. "Dès que vous verrez de la vapeur sortir de la cheminée, c'est que 200 salariés travaillent sur le site."

Le montant de cette opération, qui comprend l'acquisition des bâtiments, des équipements et matériels, atteint les 9,6 millions d'euros. L'ensemble sera revendu au même prix aux industriels. Pour la Métropole, ces deux transactions successives ne lui coûteront que les frais afférents aux opérations d'acquisition et de portage, soit moins de 100 000 euros.

La papeterie pourrait commencer à revivre fin 2022 et la colonne de vapeur blanche s'élancer au-dessus du site au printemps 2023.

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