La Métropole Rouen Normandie lance la préemption de la papeterie Chapelle Darblay d'UPM

La métropole compte couper l'herbe sous le pied d'UPM afin de céder l'usine Chapelle-Darblay à un repreneur industriel qui préservera la capacité de recyclage des papier et carton du site.

Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie, l'a confirmé vendredi 11 février. La métropole active son droit de préempter l'usine papetière Chapelle Darblay appartenant au groupe finlandais UPM. Elle souhaite céder l'usine de Grand-Couronne en Seine-Maritime à "un repreneur industriel à même de préserver et de développer les savoir-faire en matière d'économie circulaire".

La métropole court-circuite ainsi le projet d'UPM France de vendre le site qui employait 228 personnes au groupement Samfi Paprec. Les deux industriels souhaitent supprimer l'activité de recyclage et de traitement des papiers et cartons et transformer le site en une "plateforme d'approvisionnement en énergie verte et de production de matières premières issues du recyclage".

La papeterie Chapelle Darblay, un site unique en France

L'usine Chapelle Darblay, dotée d'une capacité de recyclage de 480 000 tonnes/an, est "le seul site français en capacité de produire du papier journal 100 % recyclé avec de la fibre issue intégralement des circuits de récupération", rappelle Nicolas Mayer-Rossignol, dans un communiqué.
Le démantèlement de ce site stratégique amènerait de nombreuses collectivités à enfouir ou brûler leurs déchets papier ou à les envoyer en Belgique et en Allemagne plutôt qu'à les recycler.

Dès l'annonce de la mise en vente du site, en 2019, la métropole s'est mobilisée pour sauvegarder l'usine, accompagnée des représentants des salariés, et une coalition de plus de 80 maires, parlementaires, élus locaux, de toute la France et de sensibilités politiques diverses.

"Ce n'est pas un combat local, mais un enjeu national"

Nicolas Mayer-Rossignol souligne : "Ce n'est pas un combat local, mais un enjeu national : veut-on, oui ou non, faire advenir l'économie circulaire dans notre pays ? Nous nous engageons, dans les actes. (…) Nous voulons faire de la métropole rouennaise une référence nationale en matière d'économie circulaire. (…) Nos objectifs stratégiques sont clairs : développement de l'économie circulaire, investissements pour favoriser des activités de recyclage papier/carton, préservation de l'emploi et des compétences dans ces domaines."

Une revente de l'usine de recyclage à un industriel solide début mai

Vendredi, la préemption a été notifiée au propriétaire du site qui a un délai de recours de deux mois. Un conseil extraordinaire validera par vote le rachat des équipements de l'usine (machines, pièces de rechange, applications informatiques, stocks…). UPM a ensuite un nouveau délai de recours de deux mois. Si la procédure est finalisée, l'acte authentique de vente à un repreneur industriel devrait être signé très rapidement, début mai.

Le prix de vente mentionné dans les Déclarations d'intention d'aliéner (les actes juridiques du propriétaire notifiant au bénéficiaire du droit de préemption son intention de vendre) hors équipements s'élève à 6 millions d'euros.

Veolia et Fibre Excellence s'étaient positionnés ensemble sur la reprise du site, mais n'avaient pas été retenus par UPM. Leur projet était de produire 400 000 tonnes de carton d'emballage, à partir de papier et carton collectés en France et installer une chaudière de cogénération biomasse alimentée par des déchets organiques pour générer l'énergie nécessaire à la production.

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