Le compte à rebours touche à nouveau à sa fin pour Chapelle-Darblay. À Grand-Couronne en Seine-Maritime, le redémarrage de cette papeterie spécialisée dans la production de papiers pour ondulé (PPO) à partir de papiers et cartons recyclés est suspendu à une décision attendue depuis plus d'un an : l'octroi d'un prêt de 27,5 millions d'euros par la Banque publique d'investissement (BPI).
Fermé depuis juillet 2020, ce site de production de papier journal recyclé qui appartenait à UPM doit être converti en usine de PPO recyclé lui aussi. Ce projet, porté par le Canadien Fibre Excellence et le Français Veolia, nécessite une enveloppe de 274 millions d'euros, dont 70 millions d'apports en fonds propres. 180 emplois devraient être créés.
Un prêt de la BPI qui conditionne toute reprise
Depuis plusieurs mois, les partenaires du projet - la Métropole Rouen Normandie, la Ville de Grand-Couronne et la CGT - multiplient les interpellations, car ils sont toujours en attende du prêt de la BPI sans lequel aucun démarrage ne peut être enclenché.
Face à cette impasse, le 22 mai, Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie, Julie Lesage, maire de Grand-Couronne, en Seine-Maritime, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, ont adressé un nouveau courrier au ministre de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci. Ils y rappellent l'ensemble des efforts consentis par les acteurs locaux : préemption du site par la Métropole, dispositifs d'exonération fiscale, participation financière via la SEM Axe Seine Énergies renouvelables et mobilisation de la région.
"L'ensemble des outils financiers dont nous disposons sont donc mobilisés et nous n'attendons plus que l'État mobilise les siens pour produire l'effet levier nécessaire au projet de reprise de l'usine et l'engagement rapide des phases de travaux.
Le temps passé à structurer la position de l'ensemble des acteurs publics pénalise le positionnement de l'entreprise sur le marché en plein essor du PPO et sur lequel elle est prête à s'engager. Nous ne pouvons plus attendre" martèlent-ils.
Fibre Excellence pourrait se retirer
Ils avertissent : "Fibre Excellence a déjà indiqué qu'elle abandonnerait le projet, si l'État devait ne pas apporter de réponse rapidement." Le précédent délai de cinq mois, accordé en décembre 2024, expire à la fin du mois de mai. Ce nouveau sursis avait été obtenu in extremis à la suite d'un ultimatum posé par l'industriel.
Le projet de Chapelle-Darblay s'inscrit dans un contexte de tension sur la capacité de traitement des papiers et cartons à recycler. Sa concrétisation offrirait une réponse industrielle aux besoins du secteur de l'emballage en papiers pour ondulé. En dépit de son importance stratégique, le dossier reste bloqué pour une somme représentant environ 10 % de l'investissement total.